Selon le dernier rapport annuel sur la Situation économique et sociale nationale (SESN) publié par l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), le Sénégal comptait en 2023 un total de 37 établissements pénitentiaires, répartis en quatre catégories selon les types de détenus accueillis. Ces chiffres mettent en lumière une réalité préoccupante : la surpopulation carcérale atteint des niveaux critiques et les ressources humaines pénitentiaires restent largement insuffisantes.
Un système pénitentiaire segmenté et inégalement réparti
Les maisons d'arrêt et de correction dominent le paysage carcéral avec 32 établissements. Parmi elles, certaines, comme la maison d'arrêt de Rufisque, sont exclusivement réservées aux femmes, à l'instar de celles de Rebeuss et de Liberté VI.
Les maisons de correction accueillent des condamnés à des peines de moins d'un an, tandis que les camps pénaux prennent en charge les prisonniers condamnés à des peines supérieures.
Géographiquement, la région de Dakar concentre à elle seule 21,6 % des infrastructures carcérales avec huit prisons. Des régions comme Diourbel, Fatick, Kaolack, Louga, Saint-Louis, Thiès et Ziguinchor comptent chacune trois établissements.
En revanche, Kaffrine, Kédougou, Matam et Sédhiou ne disposent que d'une seule prison, une répartition inégalitaire qui complique la gestion des flux carcéraux.
Une surpopulation record et un personnel insuffisant
Avec une capacité d'accueil officielle de 4 833 places, le système carcéral sénégalais accueille pourtant près de 13 000 détenus, soit un taux d'occupation de 267 %.
Certaines régions enregistrent des taux encore plus élevés : Kédougou (501 %), Saint-Louis (366 %), Sédhiou (359 %), Matam (305 %) et Dakar (303 %). Cette situation, bien au-delà des seuils critiques, dégrade les conditions de vie des détenus et entrave leur réinsertion.
En parallèle, le personnel pénitentiaire reste en sous-effectif. En 2023, seuls 2 290 agents assuraient la surveillance, dont 1 923 hommes (84 %) et 367 femmes (16 %).
Cette présence insuffisante se traduit par un ratio d’un surveillant pour 11 détenus, bien loin de la norme internationale recommandée par l’ONU (un agent pour deux détenus).
Des solutions en urgence pour améliorer les conditions carcérales
Face à cette situation critique, les autorités sénégalaises doivent agir rapidement. La construction de nouveaux établissements pénitentiaires est indispensable pour réduire la surpopulation.
Par ailleurs, le renforcement des effectifs et l’amélioration des conditions de travail des surveillants pénitentiaires sont des mesures prioritaires pour garantir la sécurité et la dignité des prisonniers.
Alors que les débats sur la réforme du système judiciaire et carcéral s'intensifient, il devient urgent pour le Sénégal de se conformer aux standards internationaux et de mettre en place des solutions structurelles afin d'assurer un traitement plus humain des détenus.