Sonko, promesses d’un militant du tiers-monde Par Malick Noël SECK

 

« Quand vous entendrez parler du Niger, tendez l’oreille, on parle de vous. »

C’était trop beau pour être vrai !

La victoire de PASTEF ressemble de plus en plus à une passation de pouvoir entre deux élus de la République Française. Ses leaders sont libérés par un Macky Sall qui s’oppose ouvertement au candidat de son propre parti. Leur candidature à la présidentielle est validée de justesse par le conseil constitutionnel, et le miracle de leur victoire arrive au sommet de son ascension pour crever comme un nuage ! C’est peut-être en rentrant à la « Présidence » que Sonko s’est transformé, victime de la malédiction du lieu !

Les présidents du Sénégal résident dans l’ancien palais des gouverneurs généraux de l’AOF et prennent leur retraite à Paris. Macky Sall ne fait pas exception à cette règle ! 

On pourrait penser qu’un ancien chef d’état qui n’avait que le souci du bien-être de son peuple lorsqu’il briguait la magistrature suprême souhaiterait aider le nouveau régime en leur étant de bon conseil ! 

Il n’en n’est rien ! Ils se battent tous pour des postes fictifs en métropole qui leur assureront un semblant d’immunité contre d’éventuelles poursuites, pendant que le peuple, intoxiqué par les coalitions du multipartisme, se chamaille ! 

« Chaque génération, dira Fanon, doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. » Vous avez soutenu Wade lorsqu’il complotait avec la France l’assassinat de Kadhafi, ce champion de l’Afrique. Assassinat stratégique, pour déstabiliser l’Afrique subsaharienne en créant le terrorisme Touareg au Mali pour justifier la nécessité de l’Africom ! 

Vous avez persiflé lorsqu’on humiliait Gbagbo, sa femme et Blé Goudé, dans un autre « long métrage » du Tribunal Pénal International. Une mise en scène de dix ans pour permettre à Ouattara, l’homme qui arrive dans un char français, de préserver sans inquiétude les intérêts de ses maitres ! 

Vous avez regardé Macky Sall appliquer les sanctions les plus sévères à l’égard de l’Etat frère du Niger. De même, vous avez élu Sonko, le faiseur de pluie, l’homme qui promettait des ponts, là où il n’y a pas de rivières !

Et au bout de toutes ces lâchetés, toutes ces connivences avec la France assassine, notre seule préoccupation était la hausse du prix de l’huile. L’aliénation suprême, est de réussir à faire croire à l’esclave qu’il est libre !

Mais enfin, qui est Sonko ? Comment s’est imposé au Sénégal, ce diola du Tekrour ? Il a su opposer le peuple aux élites politiques et médiatiques, en leur révélant qu’ils étaient exclus du pouvoir. Il a su créer un langage pour exprimer la colère des inexaucés, des sans espoirs, des victimes de l’incohérence de l’arbitraire, entre Guèdè et Kédougou en passant par Dakar. 

Et c’est dans cet espace où l’homme vacille entre les faux sermons, les frissons du paludisme, les promesses de l’enfance oubliée et l’appel de l’Atlantique, qu’il a trouvé un terroir fertile à ses élucubrations ! Mais il semblerait bien, que ses impertinences n’étaient qu’une mise en scène. """ La grande forfaiture de Sonko est d’avoir fait croire au peuple qui souffre que le Sénégal est un pays souverain ! 

C’est-à-dire un pays qui peut battre sa propre monnaie, déterminer sa politique économique et financière, décider de la paix et de la guerre et surtout assurer la sécurité et l’intégrité de son territoire à l’image de ce que l’AES cherche à accomplir. « Nous devons... » aimait-il s’exclamer, entre l’orgie verbale et le plaidoyer pour soi, comme si nous étions maitres des horizons du possible. 

« Il faut que la France nous foute la paix », disait-il, pendant que le drapeau français, planté dans un camp militaire au cœur de notre capitale, flotte encore plus haut, au-dessus de la « négraille », et que Diomaye était reçu à l’Elysée par l’entrée du personnel. Et parce que son postulat de départ est faux, toute sa réflexion sur le développement et l’émancipation financière, est une utopie qui s’abîme dans la métaphysique ! 

C’est lui qui dénonçait jadis la CDEAO, cette salle d’attente du monde, où des officiers français bottés et décorés ont leurs bureaux, cette fenêtre sur le rien, cette grande fumisterie, remplie de parlementaires surpayés qui paradent. Et c’est lui qui aujourd’hui cherche à réintégrer les insurgés de l’AES dans cette maison qui brule !

Il connaît les méthodes des usuriers du FMI, ces marchands de « mort à crédit », véritables proxénètes de la finance. Ils nous font des prêts à dessein pour rendre nos pays insolvables et nous obliger à implémenter des restrictions budgétaires et à brader nos matières premières par la privatisation des entreprises nationales au profit des multinationales étrangères pour un remboursement forcé en nature !

Les conséquences sont connues : mesures d’austérité économique, éliminations des programme sociaux, réduction des dépenses dans les domaines de la santé publique et de l’éducation, augmentation de l’impôt indirect tout en marchant gaiement vers l’inflation de la faim ! 

A ceux qui ont l’audace de s’opposer à ce racket on leur sert l’insurrection armée sous forme d’islamisme ou de mouvements sécessionistes. Il sait donc que la dette est l’arme fatale de l’impérialisme, or à peine élu, il fait un emprunt de plusieurs milliards au FMI, pour payer les fonctionnaires !

Musulman, il dit n’être d’aucune confrérie religieuse, qui selon lui, sont une richesse inestimable, que tout le monde nous envie, « plus importante que le pétrole et le gaz ». 

Il voudrait que dans une République laïque « l’Assemblée nationale vote formellement des crédits budgétaires annuels destinés au financement du culte ». Il est naïf de penser que les confréries au Sénégal ne sont que des groupes dont les préoccupations sont essentiellement religieuses ! 

Ce sont aussi des réseaux d’influences qui rivalisent avec l’autorité du pouvoir séculier et nos institutions. Il faudrait quelqu’un pour rappeler à ce grand admirateur de Mamadou Dia, que le grand projet de son mentor était « la création d’un conseil supérieur islamique qui procédait de la constatation que les divisions qui existaient entre les confréries, et en leur sein, posaient un problème. » 

A l’écouter parler, nos dissensions religieuses, nos divisions ethniques, le régime des castes et, enfin, nos allégeances politiques fantasques, ne seraient pas un obstacle à l’unité nationale, qui selon lui est un acquis qui procède « de millénaires de traditions sociétales de tolérance » !

 Mollien, en pays Wolof (1820), raconte que le mépris des forgerons, des tisserands et des griots y est si prononcé, qu’un esclave même ne voudrait pas épouser une femme issue d’une famille qui aurait exercé cette profession. C’est vous dire qu’il n’existe pas chez nous une unité des origines, et toute personne qui s’emploie à vous faire croire le contraire est un « romantique ».

 L’unité nationale contrairement aux théories de Sonko, se construit essentiellement autour de la citoyenneté, et le multipartisme et ses kermesses électorales sont des matchs de foot qui n’ont fait qu’exacerber nos divisions. 

 Enfin, il dit s’inscrire dans la tradition des grands panafricanistes qui souhaitaient l’unité du continent. Or, le Panafricanisme n’est pas né en Afrique. Il nous vient d’une « diaspora » noire (Du Bois, Williams, Padmore etc…) qui cherchait à construire une unité du monde Noir pour contredire les dogmes du racisme colonial. C’est eux qui ont transmis le fantasme de l’unité africaine à des entités nationale inachevé ! 

Je suis pour « l’unité africaine », mais il faudrait d’abord réaliser l’unité nationale… qui reste un mirage ! Donc, tout reste à construire. 

L’Afrique de Sonko, comme celle de ses prédécesseurs, qu’il entendait « fusiller », est aussi fictive que les indépendances nominales octroyées par la France dans l’euphorie des années 60 ! Elle ne « participe en rien de ce qui s’exprime, s’affirme, se libère au grand jour de cette terre qui est notre » ! 

 Et c’est ainsi que d’insinuations subversives en déductions maladroites, l’homme est passé à côté de son cri, et que le grand militant est devenu un petit premier ministre. 

Malick Noel SECK 

Secrétaire Général du FNSP / Momsarew malicknoelseck@gmail.com

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