A l’occasion des Assemblées FMI-BM avec comme thème : "Africa, the digital innovation engine", la Session a été organisée le 11 octobre dernier par la CGEM, le FMI et la BM. Lors de son intervention, le Dr Mo Ibrahim n’avait pas du tout ménagé le dirigeant de la Banque Mondiale. Il est allé jusqu’à remettre en question sa structure de gouvernance.
« Ce n’est pas tous les jours que nous avons en face le Président de la Banque mondiale, n’est-ce pas ? Nous devons en profiter ». Commence-t-il en raillant dans une vidéo postée dans X (ex-twitter).
« Ceci est un message pour votre conseil d’administration. Parce que nous sommes confus. Vous avez un Board tenu, bien entendu par les gros actionnaires. Vous n’avez pas d’administrateurs indépendants. Nous pensons que votre banque, si elle était cotée en bourse, aurait été éjectée. Parce que votre gouvernance n’est pas bonne (rires) », évoque-t-il sans détour.
Et Dr Ibrahim d’argumenter : « Parce que, s’il vous plaît, premièrement vous n’avez pas d’administrateurs indépendants, les grands actionnaires contrôlent tout. Deuxièmement, nous n’avons jamais entendu parler d’un conseil d’administration d’entreprise, de banque, etc., vivant dans les locaux administratifs. Ils vivent dans les locaux avec leur personnel. C’est du jamais vu. Ensuite, j’ai entendu dire qu’ils avaient deux réunions chaque semaine. Mais pour avoir un conseil d’administration… et j’ai moi-même dirigé une entreprise par le passé. Chaque réunion du Conseil d’administration était un cauchemar. Nous ne travaillions plus mon staff et moi parce que nous étions occupés à préparer la réunion. Ces gars ont deux réunions de conseil d’administration par semaine. Quand aurez-vous le temps de faire votre travail, les gars ? »
Celui qui est considéré comme un chantre de la bonne gouvernance ne compte pas s’arrêter en si bon chemin dans ses critiques contre l’institution financière. « Et vous les gars, précise-t-il, le coût du conseil d’administration pour la banque s’élève à plus de 100 millions de dollars par an. Votre mission est de réduire la pauvreté, 100 millions de dollars permettraient d’éduquer un million d’enfants en Afrique chaque année. C’est ça le développement ».
Maintenant, se désole-t-il, « ces types viennent en Afrique et nous prêchent la gouvernance. Excusez-moi, la bonne gouvernance commence chez soi-même ».
Pour finir son propos, Dr Mo Ibrahim confie une mission a Président du Groupe de la Banque Mondiale : « Veuillez transmettre ce message à votre board. La Bonne gouvernance débute chez soi, s’il vous plaît dites le leur ».