Déliquescence de l’Etat Par Abdoulaye Thiam

 

«Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre !» Cette réponse astucieuse de Jésus qui avait permis de sauver une «femme adultère» condamnée à une mort par lapidation est restée l’un des plus beaux récits de l’Evangile. 

 La vidéo d’un «supposé homosexuel» déterré au cimetière de Léona Niassène, puis brulé, est devenue virale dans les réseaux sociaux et ne devrait laisser personne indifférent. Un acte de banditisme inique, d’une extrême gravité qu’il faut condamner avec fermeté. 

Et pour cause, il n’y a aucune preuve qui atteste que la victime était un homosexuel. L’homosexualité étant considérée comme un acte contre nature puni par le code pénal sénégalais. Mieux, banni par toutes les trois religions révélées et reprouvé par la morale de la société sénégalaise. 

Toutefois, le Sénégal, devrait-on le rappeler n’est pas une République islamique. La charia n’y est pas appliquée. Au contraire ! C’est une République laïque démocratique et sociale. Par conséquent, il ne faut pas avoir peur des mots. 

Disons le tout le go : l’Etat doit traquer et punir les auteurs de ces actes barbares, moyenâgeux qui tranchent d’avec notre commun vouloir de vie commune. 

Sinon, il aura donné un permis de tuer à des citoyens et nous mettra tous en sursis. N’importe qui, pour n’importe quel fait ou geste pourrait être accusé à tort ou à raison d’être un homosexuel. 

Il s’en suivra une vindicte populaire. N’importe qui, pourrait être accusé, par n’importe qui, de viol et sera condamné sans preuve à au moins 10 ans de prison ferme. 

Notre pays est en train d’aller à vau-l’eau avec l’ouverture des boites de Pandore dont les déflagrations risquent d’être fatales à notre communauté. Nous assistons de plus en plus à une sorte de justice privée qui tranche d’avec la justice de la République et d’un Etat de droit. 

Nous laissons essaimer de plus en plus des milices privées dirigées par des gourous qui se prennent pour des marabouts. L’Etat perd de plus en plus sa toute puissance publique. 

Les citoyens ne savent plus à quel saint se vouer face à l’insécurité grandissante, dans les villes, les villages et les amonts. On essaie par tous les moyens de nous imposer une pensée unique face à la déliquescence de l’Etat. 

Sud Quotidien

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