Plus de deux mois après avoir annoncé qu'il ne sera pas candidat pour l'élection présidentielle de février 2024, Macky Sall a finalement donné le nom du candidat de la coalition BBY. Il s'agit sans grande surprise du premier ministre Amadou Ba. Mais cette décision du chef, n'a pas semble-t-il trouvé écho favorable chez les autres aspirants candidats qui ont décidé de maintenir leurs candidatures.
"Amadou Ba est le seul candidat de la coalition" a clamé haut et for Moustapha Niasse à la salle de banquet du palais de République ce samedi 09 septembre. Une annonce qui montre au premier degrés que leur candidat pour la présidentielle du 25 février est uniquement Amadou Ba et également que les dissidents ne sont pas reconnus par la coalition.
Partant de la citation de Sun Tzu qui dit "tout art de la guerre est fondée sur la duperie", il nous est permis de doter de cette déclaration, mais également de faire une analyse profonde de cette candidature unique de BBY apparente qui pourrait s'appuyer sur plusieurs autres candidatures souterraines.
Composée d'hommes politiques d'expériences, la coalition BBY a compris avant tout le monde qu'elle ne pouvait pas avoir un candidat capable de gagner une présidentielle au premier tour. C'est ainsi qu'elle se donne plus de chance en ayant un candidat officiel et des candidats satellites qui pourront revenir à la rescousse une fois au deuxième tour.
C'est ainsi qu'il faut comprendre au premier degré cette candidature unique diversifiée de BBY qui travaille en profondeur pour conserver le pouvoir en 2024.
C'est également dans cette logique qu'il faudrait comprendre le choix géographique des dissidents. Le choix n'est pas fortuit, ces dissidents, compte en effet jouer un rôle important même beaucoup plus important que celui du principal candidat.
La candidature de Abdoulaye Daouda Diallo, pourrait bien capter l'électorat historique de BBY au nord et une fois au deuxième tour, il pourrait bien peser sur la balance de la conservation du pouvoir. Et pour cela le scénario sera de faire passer la rupture avec Macky et son installation temporaire dans l'opposition en attendant le moment précis pour jouer sa partition.
Aly Ngouille Ndiaye, lui n'a pas attendu longtemps pour annoncer sa démission de son poste de ministre de l'agriculture et BBY. Mais même lui pourrait être inclus dans cette stratégie d'éclatement de l'électorat. Le maire de la commune de Linguère est le leader incontesté dans le Ferlo et le Djollof et possède de solides entrées à Touba avec son lourd électorat mouride qui n'a jamais répondu à l'appel de Macky et sa coalition. Lui également pourrait jouer un grand rôle en cas de deuxième tour.
Macky Sall a dragué pendant plus d'une décennie la jeunesse sénégalaise, sans jamais avoir gain de cause. Pour cette présidentielle de 2024, tout porte à croire que ce rôle serait indirectement dévolu à Mame Boye Diao qui a annoncé officiellement sa candidature ce mardi 12 septembre.
Pour faire passer la pilule , il semblerai que la stratégie de la victimisation est de mise avec son limogeage de la CDC ainsi que l'interdiction d'accéder au stade Me Abdoulaye Wade pour suivre le match Sénégal-Algérie.
Il faut dire également que Mame Boye Diao qui de Kolda qui fait partie de la région naturelle de la Casamance, pourrait avoir comme mission de barrer la monté en puissance de Pastef de Ousmane Sonko qui contrôle la plus grande partie de cette zone du pays.
Le président Macky Sall est un fin stratège qui ne laisse lien au hasard et semble bien savoir ce qu'il fait. Cette même stratégie, il l'avait appliqué lors des élections locales de 2022 en parrainant des listes dissidentes qui au final ont permis à BBY de ne pas perdre certains de ses bastions.