Train de vie luxueux, cocaïne, cupidité, divorce abordé, demande de permission pour accéder à la tombe d’Omar Bongo, Nourreddin et Cie ne pensant qu’à faire la fête, siphonage des fonds de la toute dernière campagne électorale… Elle s’imaginait intouchable. Elle a été la première arrêtée. Sylvia Bongo, l’épouse française du président gabonais, a été emportée par la tempête du coup d’État du 30 août 2023. Celle qui tirait les ficelles du pouvoir depuis l’AVC de son mari paie aujourd’hui les excès d’une vie de reine sur le dos des Gabonais. Portrait, par le quotidien français Libération, d’une Marie-Antoinette africaine qui n’a pas vu venir la fin de son règne.
On le savait déjà, mais le journal français Libération rappelle les faits, en dit un peu plus et y met du croustillant, indiquant que « les excès de l’épouse française du chef d’État auront précipité la chute du régime ».
Le 30 août 2023 en effet, un coup d’État militaire a renversé le président Ali Bongo, mettant fin à plus d’un demi-siècle de règne de la dynastie Bongo. Ce jour-là, Sylvia Bongo, l’épouse française d’Ali Bongo, a été l’une des premières arrêtées. Celle qui était devenue la véritable reine du palais présidentiel a brutalement été déchue.
Assignée à résidence au Palais du bord de mer à Libreville Libération rappelle que « Sylvia et [son] fils ainé, Nourreddin 31 ans, [sont] tous deux accusés de s’être emparés de la réalité du pouvoir au lendemain du terrible AVC qui avait foudroyé Ali Bongo en visite à Ryad en Arabie saoudite, le 25 octobre 2018. Selon plusieurs sources, le couple était alors au bord du divorce. Mais depuis cette date, la Française fait figure de régente qui contrôle tout. »
Omniprésente auparavant, Sylvia Bongo est donc désormais invisible, assignée à résidence au Palais du bord de mer à Libreville.
Pourtant, quatre jours avant le putsch, cette femme élégante de 61 ans affichait encore son plus beau sourire sur les réseaux sociaux, appelant les Gabonais à voter.
Mais le scrutin du 26 août, une nouvelle fois truqué, n’a fait que précipiter la chute d’un régime déjà très impopulaire. Peu après la proclamation contestée de la victoire d’Ali Bongo, des officiers de tous les corps d’armée ont pris le pouvoir, acclamés par la foule.
Marie-Antoinette : déco du palais présidentiel, “Young team” et permission pour le mausolée Omar Bongo « A la différence de la vraie Marie-Antoinette, Sylvia ne s’est pas contentée de refaire la déco du palais présidentiel. Elle s’est révélée très active dans la gestion du pouvoir. Et elle est allée trop loin, constate un membre de la “famille” », joint par Libération à Libreville.
« Elle a eu des positions agressives, elle a isolé le Président. Toutes les nominations passaient par elle. Sylvia s’est aliénée tout le monde. Sauf une petite clique, surnommée la “Young team”, autour de son fils Nourreddin, qu’elle rêvait de voir un jour succéder à son père sur le trône présidentiel », poursuit l’interlocuteur du quotidien Libération, selon lequel ce proche d’Ali, par les liens de sang, n’avait plus accès à lui «qu’une fois par an et seulement pour une heure».
La fratrie présidentielle, humiliation ultime, « devait désormais demander la permission pour se recueillir sur la tombe du paternel, dans le mausolée érigé a? Franceville, sa ville natale.
Les relations de Sylvia étaient notamment détestables avec Pascaline, la fille aînée d’Omar qui en avait fait sa conseillère ». Pourtant, Sylvia Bongo a longtemps incarné la face acceptable du régime, à travers sa fondation et son hyperactivité sur les réseaux sociaux.
Mais dans les faits, elle contrôlait tout depuis l’AVC de son mari en 2018, avec son fils aîné Nourredine, au détriment d’Ali Bongo diminué. Nourreddin et ses amis ne pensaient qu’à faire la fête « Nourreddin et ses amis ne pensaient qu’à faire la fête. On le nomme fin 2019, coordonnateur des affaires présidentielles, un poste crée pour lui. Deux ans plus tard, le poste est supprimé, il était trop borderline. Vous remarquerez que le fils est désormais poursuivi pour détournements de fonds et corruption active. Mais également pour trafic de stupéfiants. Or la cocaïne, c’est connu, rend agressif et procure un sentiment de toute-puissance », selon Libération. Sylvia Bongo n’était vraisemblablement pas en reste quant à l’usage de substances prohibées.
Le journal français cite Vincent Hugeux, journaliste indépendant spécialiste de l’Afrique, un bon moment détesté par les officiel au Gabon. Selon celui-ci, le 13 janvier 2011, la première dame arrive en jet prive? au Bourget. De façon inattendue, ses bagages sont fouillés, «sac a? main compris», par la police de l’air et des frontières. Dont les chiens renifleurs, auraient «déniché dans l’une des valises auscultées des traces d’une substance illicite».
Vincent Hugeux concède tout de même qu’il «n’était pas évident de trouver sa place dans le clan des Bongo quand on est une femme blanche. Elle a dû certainement faire face à l’hostilité de ses belles-sœurs, a avale? bien des couleuvres face aux amis de son mari, parmi lesquels figurait le roi du Maroc qui lui était hostile. Elle jouait du coup la surenchère de l’africanité, a travers une implication dans des projets humanitaires tous azimuts». Train de vie luxueux. Cupidité. Siphonage des fonds de la campagne électorale La Française et son clan menaient un train de vie luxueux, puisant sans vergogne dans les caisses de l’État.
Les Gabonais dénonçaient des conditions de vie misérables, en décalage avec ce luxe ostentatoire. Le coup d’État a révélé au grand jour la gabegie du clan Bongo. Citant le proche de la famille joint au téléphone, Libération indique : «Sylvia et son fils étaient déconnectés de la réalité? du pays. Ils n’avaient aucune attache dans le terroir. Ils étaient si cupides, qu’ils ont même siphonne? les fonds de la dernière campagne électorale.
La veille du vote fin août, ils ont refusé de verser la prime promise aux militaires de la garde républicaine, qui était pourtant quasiment leur milice privée !» Lors de perquisitions, une bagatelle de 200 milliards de FCFA auraient été saisis chez Sylvia Bongo. L’ex première dame du Gabon, au train de vie dispendieux, ne cachait visiblement pas son appétence pour le luxe.
Celle qui voulait transmettre le pouvoir à son fils a été déchue en un jour. Bien qu’impopulaire, le sort de l’ex-première dame reste incertain. Sa discrétion actuelle laisse penser qu’elle pourrait être épargnée, d’autant que les relations entre le Gabon et la France restent bonnes. Mais les masques sont tombés sur plus d’un demi-siècle d’excès de la dynastie Bongo.
Avec Webnews