Dans un entretien avec Jeune Afrique, le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a affirmé que la condamnation à deux ans de prison pour corruption de la jeunesse, à l’encontre de l’opposant Ousmane Sonko est définitive. Par conséquent, il est inéligible pour l’élection présidentielle de 2024. Une sortie qu’un des avocats du leader de Pastef, Juan Branco démonte, dans une tribune intitulée, « Plongée dans la logique d’un pouvoir autoritaire », affirmant que son client conserve tous ses droits civiques.
D’emblée, l’avocat franco-français, s’offusquant du fait que l’Etat du Sénégal s’est prononcé au sujet d’une affaire individuelle dans un média étranger, a donné le sens de « cet entretien du ministre de la Justice, envoyé au front pour convaincre l’opinion internationale que tout est normal ».
Ensuite, la robe noire a déconstruit l’argument du Garde des Sceaux, ministre de la Justice.
A l’en croire, la loi sénégalaise prévoit que lorsque vous avez été jugé en votre absence, votre arrestation ou constitution en tant que prisonnier anéantit immédiatement la condamnation par contumace dont vous aviez fait l’objet, afin qu’un nouveau procès soit organisé dans le respect de vos droits.
Car, poursuit-il, s’il leur fallait relancer de nouvelles procédures, celles-ci ne pourraient aboutir à une condamnation définitive avant les élections de février 2024, et donc empêcher M. Sonko d’être candidat.
Par conséquent, affirme M. Branco, la condamnation de M. Sonko à la peine de deux ans qui le rend inéligible est devenue inexistante au moment où celui-ci a été arrêté. Il est donc éligible tant qu’aucune décision de condamnation définitive ne sera à nouveau prononcée à son encontre.
Là, avance l’avocat, le ministre invente une condition qui n’est nulle part prévue pour tenter de contourner l’obstacle qui menace, de caillou, de devenir montagne.
Mieux, stipule Juan Branco, la condamnation de M. Sonko a été de facto anéantie dès son arrestation, quel qu’ait été le motif de son arrestation. S’y ajoute que M. Sonko s’est constitué prisonnier dès sa garde à vue et, sur nos bons conseils, exigeant que soit acté l’anéantissement de sa condamnation.
« M. Sonko a été kidnappé puis placé en résidence surveillée en dehors de tout cadre légal le 28 mai 2023, soit l’avant-veille de son verdict, alors qu’il était sur le chemin de DAKAR pour s’y rendre. Il a ensuite été empêché de quitter son domicile pendant 53 jours par des barrages de policiers qui, sans mandat, lui interdisaient tout mouvement. A peine les barrières étaient-elles levées qu’il s’est fait arrêter pour cette supposée affaire de vol de téléphone portable. Quand M. SONKO aurait-il pu se constituer prisonnier, si ce n’est à l’instant où il a été arrêté ? »
Le leader de Pastef a été placé en garde à vue, et accusé de crimes d’atteinte à la sûreté de l’Etat, appel à l’insurrection, terrorisme, etc.
« Cela doit être étrange, pour un favori à des élections présidentielles, de passer en quelques heures de voleur à la sauvette à terroriste. M. SONKO, envoyé en détention provisoire, a immédiatement entamé une grève de la faim et est actuellement en réanimation », a conclu Juan Branco.
PLONGÉE DANS LA LOGIQUE D'UN POUVOIR AUTORITAIRE
— Juan Branco ✊ (@anatolium) August 30, 2023
Dans un entretien à Jeune Afrique, et repris ce jour par l'AFP, le ministre de la justice du Sénégal ment au sujet du code pénal de son propre pays.
Il est particulièrement révélateur de voir un garde des sceaux se prononcer au…