La guerre de succession fait rage à l’Alliance pour la République (Apr, parti au pouvoir) depuis que le Président Macky Sall a annoncé sa décision de ne pas participer à la présidentielle du 25 février 2024. Deux des protagonistes traînent un lourd passif. L’animosité entre le Premier ministre, Amadou Bâ, et le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Abdoulaye Daouda Diallo, est vieille de plusieurs années.
Tout les oppose sauf leur titre d’Inspecteur des Impôts et Domaines. C’est d’ailleurs à la Direction générale des Impôts et Domaines (Dgid), confie L’Observateur, que leur rivalité a commencé.
En disgrâce au Parti démocratique sénégalais (Pds), Macky Sall trace sa nouvelle route. Parmi ses premiers soutiens, Abdoulaye Daouda Diallo, cosignataire de l’acte de naissance de l’Apr, se tient à ses côtés.
Une prise de position que Abdoulaye Wade, alors président de la République, ne lui pardonne pas. Alors secrétaire général de l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres), Abdoulaye Daouda Diallo sera rétrogradé et reversé aux Impôts et Domaines où règne Amadou Bâ.
Amadou Bâ punit ADD
Selon le journal, c’est le début de la descente aux enfers pour le successeur de Idrissa Seck au Cese. Le point de départ d’une profonde inimitié avec son patron. «Il passe presque ses journées à se tourner les pouces, ruminant sa colère contre Amadou Bâ», souffle-t-on à L’Obs.
«Amadou Bâ alors directeur général des Impôts et Domaines, infligeait sanctions et tracasseries administratives à l’inspecteur des Impôts qu’il (Abdoulaye Daouda Diallo) était parce qu’il militait à l’Apr de Macky Sall, alors dans l’opposition», a écrit le journaliste Cheikh Yérim Seck, dans son livre Macky Sall face à l’histoire : passage sous scanner d’un pouvoir africain.
La roue tourne en 2012. Macky Sall défait Wade et remporte la présidentielle. Abdoulaye Daouda Diallo est récompensé : il est bombardé ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances chargé du Budget. Revanchard, il réclame le scalp de Amadou Bâ désormais sous sa tutelle. Macky Sall n’accède pas à sa demande.
Abdoulaye Daouda Diallo recevra un coup de massue, quand en septembre 2023, à la faveur d’un remaniement, Amadou Bâ est nommé ministre de l’Économie et des Finances, en remplacement de Amadou Kane. De son côté, le rival s’éloigne du Budget pour atterrir au ministère de l’Intérieur.
Il est reproché à Amadou Bâ, perçu comme un intrus par les partisans de la première heure de Macky Sall, de profiter des privilèges du nouveau régime alors qu’il n’a pas mouillé le maillot. N’empêche, ce dernier a tenu 5 ans, 7 mois et 3 jours à la tête du département.
«Égo»
La rivalité s’est aggravée au sein du gouvernement. Elle suintait lors des réunions hebdomadaires du gouvernement, souligne le journaliste et analyste politique Babacar Dione.
«En Conseil des ministres, glisse ce dernier, quand ils étaient aux côtés du Président Macky Sall, c’était visible que le courant ne passait pas. Toutes les personnes qui ont assisté à des rencontres au Palais ont dit que Abdoulaye Daouda Diallo gardait une certaine froideur, une certaine distance. Il n’était pas assez ouvert, assez détendu devant Amadou Bâ.»
Une autre source d’ajouter : «Quand il a pris la place de Amadou Bâ, il ne supportait pas le fait que le Président fasse intervenir parfois son prédécesseur quand on parlait de choses relevant de son domaine.»
En novembre 2020, Amadou Bâ sera limogé du gouvernement. L’ex-argentier de l’Etat payait, dit-on, son «soutien secret» au plus farouche opposant du pouvoir, Ousmane Sonko. Il revient aux affaires deux ans plus tard, en septembre 2022, comme Premier ministre.
Selon l’analyste politique, Mamadou Sy «Albert», la rivalité entre les 2 peut se résumer en un seul mot : «Ego».