Le président du parti Rewmi a accordé ce vendredi 12 mai 2023 un entretien fleuve à la rédaction du groupe E-Media Invest. Connu pour la rareté de ses prises de parole, le Leader du parti Rewmi a entamé une offensive électorale sur les médias et les réseaux sociaux. D’abord une conférence de presse pour acter son départ de la majorité présidentielle (avec toute la presse, sauf la RTS), ensuite ce dernier "entretien politique longue table".
Réputé pour sa connaissance des dossiers de l’Etat et ses qualités de bon orateur, le leader de Rewmi a encore une fois de plus attaqué son père spirituel l’ancien président Abdoulaye Wade. Double faute : sociologique et politique.
Sociologiquement…
"Qu’il aille se faire voir" c’est la réponse d’Idrissa Seck à une question posée par le journaliste Assane Gueye à propos de ses sorties virulentes contre Wade Père.
Le leader de Rewmi oublie que le contexte sociologique joue un rôle crucial dans la communication politique, car il peut influencer la façon dont les messages sont reçus et interprétés par les électeurs.
Le Sénégal est « une société de forme ». C’est-à-dire, dans une société où la forme de dire les choses est primordiale, l’accent est mis sur la manière dont les messages sont communiqués plutôt que sur le contenu.
C’est pas rare d’entendre un Sénégalais vous dire "Nimko waxe laa àndul " ( C’est la manière dont il le dit qui me pose problème). Rudoyer Mame Abdoulaye Wade dans un contexte socio-culturel sénégalais est une erreur d’appréciation du leader du parti Rewmi. Au Sénégal et en Afrique de manière générale, le vieillard jouit d’une immunité, un permis de tout dire et de tout faire.
La première qualité d’un homme politique c’est l’indifférence. S’il y a quelqu’un qui l’a bien compris dans le personnel politique sénégalais c’est bien le Président Macky Sall.
Il a vécu la même histoire avec l’ancien président Abdoulaye Wade. "Macky Sall est un descendant d’esclaves. Ses parents étaient anthropophages.
Ils mangeaient des bébés et on les a chassés du village" affirme l’ancien Président de la République lors d’une conférence de presse au milieu de la tempête du procès Karim Wade.
Accuser quelqu’un d’anthropophagie au Sénégal est mille fois plus grave que de l’accuser de vol (affaire des chantiers de Thiès). C’est une accusation qui vous met une cible sur le dos. C’est tout simplement la mort sociale.
Le Président Macky Sall est resté coi à l’époque. Et la sa réponse est venue 3 ans après avec la parution de son livre "Le Sénégal au Cœur".
La forme et le fond, tout y était. Le Président du Parti Rewmi serait bien inspiré de prendre des cours auprès de son ex collaborateur politique.
Politiquement…
Tuer le père pour exister en politique, une stratégie aussi vieille que la démocratie. C’est celle d’Idrissa SECK.
Pour lui, l’ancien président est coupable des 10 plaies d’Egypte. L’ex président du CESE n’a pas encore digéré son divorce d’avec l’ex président Wade.
"Il a dit qu’il allait me couper la tête" martèle, répète et scande Idrissa Seck à chaque sortie médiatique. Vu leur histoire, leur parcours et l’âge respectable du Président Wade, Idrissa SECK a le devoir moral de se rabibocher, se ramiter avec son Père spirituel.
Par ailleurs, tirer sur l’ancien Président est une erreur d’analyse politique. L’électorat d’Idrissa Seck est majoritairement issu de l’électorat du Pape du Sopi.
D’ailleurs, le président WADE l’a affirmé dans une séquence entrée dans les annales du clash politique sénégalais.
C’est quand l’ex numéro 2 du Parti Rewmi de l’époque, Omar Sarr, venu négocier avec le Président Wade au nom du Président de Rewmi a été violemment pris à partie par le président Wade :
« ce sont mes militants qui ont voté pour vous parce que c’étaient des mécontents comme vous ».
Cette convergence électorale entre le PDS et Rewmi est restée une réalité. Donc, Idrissa Seck doit adopter une stratégie de campagne efficace et respectueuse à l’égard du Doyen de la Politique Sénégalais pour gagner la confiance et le soutien de ces électeurs.
En gros, Il doit avoir de la déférence, plus de considération envers lui.
En pré-campagne et en campagne électorale pour la Présidentielle, le candidat doit bâtir des ponts et non des murs. Et Babacar Gaye, un ancien ténor du PDS l’a rappelé, avec la pertinence qu’on lui connaît, au Leader du Parti Rewmi " L’élection présidentielle se gagne dans le rassemblement et non dans l’exclusion. Pensez aux inconditionnels de Me Wade. Ils sont au moins 400 000 électeurs." (Facebook) Qui dit mieux ?
En 1982, lorsque Giscard et Chirac projetaient de se réconcilier lors d’un déjeuner, le premier a eu cette phrase pleine de bon sens " J’ai jeté la haine à la rivière". Idrissa Seck gagnerait à en faire autant. Autrement, il foncera directement dans le mur en klaxonnant.
Matar NGUER
Journaliste Politique Communicant