Entamé depuis 8 ans, selon le président de la République, le Lycée technique de Sandiara, prévu pour un montant 6 milliards, a déjà englouti près de 4 milliards de francs Cfa, sans voir le jour. Bès Bi nous apprend que le projet a été confié à l’entreprise Compagnie sénégalaise de travaux publics dirigée par… Mbaye Faye.
C’est une affaire qui a irrité le président de la République l’amenant à interpeller séance tenante le ministre de la Formation professionnelle, Mariama Sarr, lors du Conseil présidentiel à Thiès jeudi. « Je suis désespéré de voir que depuis 8 ans, le lycée est en construction sans être achevé.
Je ne comprends pas. Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi les travaux ne peuvent pas être terminés ? C’est quoi le problème ? Il faut nous informer au moins. La ministre de la Formation professionnelle, il faut que vous vous en occupiez… », s’est plaint Macky Sall. Il n’a pas été convaincu par les explications de Mariama Sarr qui a répondu que l’Agent judiciaire de l’Etat a été saisi.
Le projet de 6 milliards confié à Mbaye Faye
Bés bi a tenté d’en savoir plus sur l’édification de cet établissement prévu pour accueillir 2075 apprenants. En effet, l’Agence de la construction, des bâtiments et édifices publics (Acbep), agissant pour le compte du ministère de la Formation professionnelle, a conclu un marché avec la Compagnie sénégalaise de travaux publics de… Mbaye Faye pour la construction d’un Lycée technique équipé à Sandiara et estimé à 6 milliards 208 millions 532 mille 793 francs Cfa.
Sur le site de l’Acbep, il est indiqué que le reliquat de paiement s’élève à 2 milliards 825 millions 561 mille 179 francs Cfa, soit près de 4 milliards déjà dépensés. D’après nos recoupements, le contrat a été signé lors du passage de Mamadou Talla à la tête du ministère. Cependant, après le démarrage des travaux, le ministère, bénéficiaire du projet, a demandé des changements.
Il s’agit de la modification du bloc restaurant, de la boulangerie et réfectoire, de la construction de logements de fonction annexes, de la réalisation de signalisations informatiques, de l’augmentation de la surface de carrelage, de terrassements et fondations pour le nivellement du site d’accueil (augmentation des quantités de remblai et de béton au niveau des fondations).
L’Armp valide un avenant de 1,4 milliard de francs Cfa
Mais le 20 octobre 2018, l’Acbep a reçu la lettre du ministère de la Formation professionnelle confirmant la commande relative aux travaux supplémentaires annoncés. « Les crédits ayant été prévus dans la loi des finances, l’Acbep a envisagé de conclure un avenant au marché de base pour prendre en charge l’incidence financière des motivations dont le montant a été évalué à 1 milliard 429 millions 29 mille 338 francs Cfa », souligne l’Autorité de régulation des marchés publics dans sa décision 193/2020/Crd/Armp.
Saisi par l’Acbep, le comité de règlements des différends statuant en commission de litiges de l’Armp a constaté qu’après plusieurs correspondances entre ledit agence et la Direction centrale des marchés publics, le projet n’a pas encore reçu l’avis de non objection.
L’organe de régulation indique que la Dcmp est fondée à faire des observations sur le projet de l’Acbep « à tout moment » de sa revue à priori et demande à l’agence d’intégrer celles-ci. Aussi, l’Armp ordonne le maintien du projet d’avenant et « l’autorise avec le maintien des volumes de terrassement de béton pour fondations sous réserve des autres observations formulées par la Dcmp».