La presse maintient la pression pour la libération du journaliste Pape Alé Niang. A travers son 3ème Conseil des médias, la Coordination des associations de presse (Cap) a exigé hier, la libération «immédiate et sans condition» du patron du site Dakarmatin. Sur son lit d’hôpital, PAN a rédigé de «bonne foi un engagement» pour recouvrer la liberté. La libération « immédiate et sans condition » du journaliste Pape Alé Niang. Depuis son arrestation, c’est une exigence de confrères regroupés au sein de la Coordination des associations de presse. En dépit du temps, elle ne flanche pas dans son combat. La Cap a tenu hier son 3ème Conseil des médias, à la Maison de la presse Babacar Touré. Sur ce même lieu, une veillée nocturne est annoncée vendredi avant la manifestation prévue samedi matin, en compagnie de Frapp, devant l’hôpital Principal de Dakar où est interné Pape Alé Niang.
« J’estime que la Maison de la presse devrait être le camp de base de la lutte. En venant, j’ai vu le nom de Babacar Touré. Il devrait y avoir un grand bandeau qui fait le tour, en noir et rouge, et écrit «Libérez Pape Alé Niang ». Les gens qui l’ont mis en prison passent sur la Corniche. Il faut qu’ils aient l’urticaire. Il ne faut pas les laisser digérer. Il faut étendre la lutte. Cette ville doit être placardée de Pape Alé», avance le journaliste Demba Ndiaye.
Dans le même sillage, Diatou Cissé, ancienne Secrétaire générale du Synpics, rajoute : «Je suis malade, mais j’ai tenu à être là. Pourquoi ? Je fais partie de la profession, mais surtout je suis convaincue que la Justice n’est pas que répression. C’est quoi le projet ? Ce qui m’étonne, c’est qu’un mort ne peut pas être jugé. Si la finalité est de juger Pape Alé, le bon sens commande de lui accorder la liberté provisoire pour qu’il puisse être présent à son procès. Actuellement, il est très mal en point. J’en appelle à l’aspect pédagogique de la Justice, qui veut qu’on puisse entendre quelqu’un qui jouisse de toutes ses facultés mentales, physiques et intellectuelles.»
Dans ce « combat », la Cap a décidé de ratisser large en y associant les leaders politiques et la Société civile. « Macky Sall et son ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, auront les mains pleines de sang si jamais Pape Alé Niang quittait ce bas-monde par la méchanceté et la barbarie avec laquelle ils sont en train de le traiter. Nous ne l’accepterons pas. S’ils veulent mettre le pays en feu, c’est certainement le moyen le plus rapide d’y parvenir », assène l’opposant et ancien journaliste, Jacques Habib Sy.
Seydi Gassama : « La presse n’a jamais abandonné Pape Alé Niang »
Tour à tour, les différents orateurs ont lancé une énième alerte sur l’état de santé critique du journaliste qui refuse de s’alimenter et bannit tout soin depuis des jours.
«Notre crainte, c’est qu’on va le laisser languir à l’hôpital de sorte que le jour où il va quitter, il va passer le restant de sa vie à soigner les séquelles de cette grève de la faim. Ils savent ce que leur coûtera, sur le plan international, de laisser Pape Alé Niang mourir en prison », affirme Seydi Gassama d’Amnesty international.
Et d’ajouter : «La presse sénégalaise n’a jamais abandonné Pape Alé Nang. Nous croyons sincèrement que la liberté de la presse est en danger aujourd’hui au Sénégal. Nous avons besoin d’une presse libre, soutenue. Un journaliste peut se tromper, être parfois manipulé à son corps défendant, mais cela ne constitue pas une raison pour le mettre en prison comme c’est le cas pour Pape Alé Niang. C’est inacceptable. Nous devons rester mobilisés, le dénoncer au niveau national et international.»
« C’est un acharnement contre Pape Alé Niang »
Seydi Gassama a encouragé les membres de la Cap à tenir les chefs religieux informés de « cette entreprise de destruction de la vie de Pape Alé Niang ». Il tient ainsi l’Etat pour responsable de ce qui lui arrivera. Le représentant de Reporters sans frontières estime que la liberté de la presse est menacée.
Sadibou Marone en appelle à la mobilisation, mais surtout à la résistance des journalistes. Le député et activiste, Guy Marius Sagna, qui partage cet appel, défend Pape Alé Niang qui, après sa mise en liberté provisoire, avait fait des sorties dans les médias sociaux.
« C’est un acharnement contre Pape Alé Niang. Il n’a violé aucun secret de l’instruction. Oui la presse est menacée. Nous devons nous battre pour une presse debout, digne, qui refuse des enveloppes en espèces sonnantes et trébuchantes », tranche Guy Marius Sagna. Pour sa part, nous rappelle le quotidien LeQutidien, le président du Cored, Mamadou Thior, a réitéré la détermination de la Cap à mener le combat pour la libération de Pape Alé Niang.