Venu prendre part à la journée d’échanges et de sensibilisation sur la traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle, Serigne Mor Mbaye a listé les causes de la traite de personne et révélé que des Sénégalaises aussi sont victime de cette traite ailleurs.
La traite des personnes est un phénomène qui inquiète les décideurs. Et plusieurs facteurs favorisent l’exploitation sexuelle notamment.
« Les contextes de conflits armés, de pandémie, de crises économiques sont favorables à toutes ces situations de traite. Ce sont des personnes qui sont affectées dans leur pays qui sont en situation de mobilité. Il y a des trafiquants partout au Maghreb », a dit Serigne Mor Mbaye.
D’habitude, on s’intéresse plus aux étrangères vivant au Sénégal. Mais l’inverse est une réalité, selon le psychologue qui prenait part à la journée d’échanges et de sensibilisation sur la problématique.
« Le nombre de Sénégalaises qui sont victimes de traite et de toutes les souffrances, on n’en parle pas assez. Des enfants et des filles de notre pays sont victimes de traite ailleurs et de tous les maux qu’on peut imaginer », a-t-il révélé.
Le directeur du Centre de guidance des victimes de viol ajoute par ailleurs que « des enfants et des femmes sont particulièrement affectés par cette mobilité-là ».
Il précise : « Dans les études que j’ai faites, je peux vous dire que 70% des filles qui ont été victimes de traite ont été victimes de viol durant la traite ».
Face à cette situation, il estime qu’au-delà de la judiciarisation du fait de la traite, « il faut prendre en compte cette dimension humaine des traumatismes que subissent ces personnes-là, particulièrement les femmes et les enfants ». Alertant sur le danger du phénomène de la mendicité, Serigne Mor Mbaye dit :
« A Tombouctou, les djihadistes ont recruté l’équivalent de vos talibés mendiants. Donc, qui veut assurer la sécurité de son pays, doit se dire que c’est un danger énorme pour la sécurité du pays ».
En guise de solution, il recommande la mise en place du Dispositif itinérant d’appui psychosocial (Diap).
« Ces personnels-là, ce ne sont pas des gens qui restent dans les bureaux à les attendre. Il faut des personnels qui sont mobiles, qui vont à la rencontre de ces personnes qui sont affectées », a-t-il étayé.
D’après lui, le Diap est appliqué aujourd’hui au Niger, au Libéria, en Sierra Léone, en Centrafrique.
« Pour le Sénégal, je pense qu’il y a une urgence, au-delà de ces personnels domestiques, qu’il y ait des personnes pour faire fonctionner le Diap », a-t-il insisté.
« Il y a autre chose qui manque, c’est la recherche. Elle nous permettrait d’identifier les souffrances invisibles qui surviennent dans ce contexte de la traite. Il n’y a pas d’étude sur les situations d’errance et de traite », a regretté Serigne Mor Mbaye.