DPG: Dr Abdourahmane Diouf invite l'opposition à un introduire une motion de censure

 

Le premer ministre Amadou Ba va faire face aux députés pour la traditionnelle déclaration de politique général. A cette occasion Dr Abdourahmane Diouf, président du parti Awalé interpelle les parlementaires de l'opposition et les invite à introduire une motion de censure contre le gouvernement.

Texte In Extenso

Chers députés,

Le jeu politique de notre pays est flou. L’opposition n’est pas reconnue à sa juste valeur. Le Président de la République et son gouvernement persistent dans le mépris malgré des résultats électoraux qui devaient les confiner à plus de responsabilité, d’humilité et d’esprit républicain.

Chers députés,

Le Premier ministre Amadou Bâ a la possibilité de demander la confiance à l’Assemblée nationale après sa Déclaration de politique générale. Il sait qu’il y a de forts risques qu’il n’ait pas cette confiance dans le contexte de la majorité pendulaire à l’Assemblée. Il ne va pas le faire. A défaut de la CONFIANCE, opposons-lui la DEFIANCE, à travers une motion de censure.

Chers députés,

Ce serait une erreur pour l’opposition de penser que cette Déclaration de politique générale ne sert à rien. C’est un moment crucial de l’histoire politique du Sénégal. Un moment de clarification des équilibres politiques. Un moment de lancement du compte à rebours pour le départ du Président Macky Sall, dans 478 jours.

Chers députés,

La motion de censure qui renverserait le gouvernement actuel s’inscrit parfaitement dans la logique de notre Constitution, de nos lois et de nos règlements. Quatre critères majeurs doivent être remplis. Ils ne posent aucun problème dans la situation actuelle.

1. L’initiative doit venir de 10% des députés ; donc 17 députés peuvent initier la motion de censure. Ce critère est rempli par l’opposition parlementaire actuelle ; 

2. La majorité pour faire tomber le gouvernement doit être absolue. : Si donc 83 députés votent la motion de censure, le gouvernement est obligé de démissionner. Ce critère est, en principe, rempli par l’opposition parlementaire actuelle ;

3. Pour les délais, la motion de censure serait déposée après la déclaration et devrait être votée dans les 48h. Il est encore temps de remplir ce critère le jour de la Déclaration de politique générale ;

4. Pour les modalités de votation, le scrutin sera public et ne votent que les députés qui soutiennent la motion de censure. Les 83 députés qui se réclament de l’opposition devraient pouvoir s’assumer sans aucune difficulté.

Chers députés

Beaucoup de raisons économiques, politiques et de fonctionnement de nos institutions peuvent justifier le dépôt de cette motion de censure. Sans être exhaustifs, nous vous en proposons les cinq suivantes :

1. Le Président de la République, Macky Sall, nous impose une incertitude anxiogène sur sa participation à la prochaine élection présidentielle. Il nous impose son agenda privé au détriment de l’agenda républicain. La motion de censure est l’opportunité de démarrer le compte à rebours de l’alternance de 2024. En renversant son gouvernement sans qu’il ait la possibilité de dissoudre l’Assemblée, nous lui confirmons qu’il n’a pas les cartes en mains et l’obligerons à se déterminer dans les délais les meilleurs ; 

2. Il nous faut corriger la mascarade de l’élection du Président de l’Assemblée nationale du 12 Septembre dernier. Ce jour aurait dû clarifier la véritable configuration de l’Assemblée nationale en dégageant une majorité. Cette majorité est restée pendulaire et vacille en fonction des objets soumis au vote. La Déclaration de politique générale est l’occasion de clarifier les poids respectifs du pouvoir et de l’opposition à l’Assemblée nationale. S’il y a 83 qui se réclament de l’opposition comme nous le pensons, ils ont le pouvoir de renverser le gouvernement et déterminer clairement les lignes de fracture en direction de 2024 ;

3. Le Président de la République n’a pas fait une bonne lecture des résultats des dernières élections législatives. Il n’a pas compris que son peuple lui a retiré une moitié de sa confiance. Il n’a pas compris qu’il doit travailler de façon consensuelle et concordante avec des élus du peuple qui représentent la moitié des sièges. Cette boulimie du pouvoir est un mépris à l’électorat. En renversant ce gouvernement, il sera mis devant le fait accompli de son pouvoir finissant ;

4. Le gouvernement actuel du Sénégal, dirigé par le Premier Ministre Amadou Ba, n’a pas pour priorité de défendre les intérêts du Sénégal. C’est le gouvernement de la croissance externalisée, de la préférence des intérêts des multinationales étrangères, de l’endettement inconscient, du complexe d’infériorité vis-à-vis de certaines puissances étrangères et des solutions économiques de saupoudrage, conjecturelles, sans prise sur la qualité de vie des sénégalais. Il est urgent de s’en séparer pour se donner quelques chances d’une transition sans trop de dégâts ;

5. La temporalité de la Déclaration de politique générale est sans cohérence avec le marathon budgétaire qui vient de se terminer. Les ministres sont passés à l’Assemblée nationale pour expliquer en long et en large ce qu’ils vont faire de leur secteur durant la prochaine année à venir. 

C’est ce que le Premier ministre viendra nous ressasser en faisant la synthèse des différentes orientations budgétaires et presque pour la même période. Cela lui enlève toute autorité, toute vision propre, voire toute responsabilité. Certains diront que nous avons un Premier ministre qui n’imprime pas la cadence et qui ne décide pas. Bref, un ectoplasme !

Chers députés,

Pour toutes ces raisons, le dépôt d’une motion de censure lors de la Déclaration de politique générale de ce Lundi 12 Décembre est pertinent. La motion nous permettra de clarifier le jeu politique en direction de 2024 et d’emmener le Président Macky Sall à se déterminer, à son corps défendant. Le peuple est à votre écoute !

Ass Abdourahmane DIOUF,

 Président du Parti AWALE,

 Candidat à l’élection présidentielle sénégalaise de 2024.

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