Amadou Ba fait sa déclaration de politique général devant l'assemblée nationale. Face aux députes le Premier ministre a fait son discours et tracé les grandes lignes de ce qu'il compte faire au niveau de la primature pour faire émerger le Sénégal.
ALLOCUTION DE MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE AMADOU BA
Dakar, le 12 décembre 2022 # La tâche du présent Gouvernement dont j’ai l’honneur de coordonner l’action, sous la guidée du Président de la République Macky Sall sera de continuer l’œuvre du précédent, de la conforter et de l’approfondir. Conformément aux directives du Chef de l’État, les mesures d’allègement du coût de la vie et de soutien à l’emploi et à l’entreprenariat des jeunes, la lutte contre les inondations, la cherté du loyer restent la priorité des priorités.
Pour faire face à ces priorités, le Président de la République a mis en place un Gouvernement d’action, un Gouvernement de combat : combat CONTRE la cherté de la vie, les inondations ; combat POUR l’emploi, la souveraineté alimentaire, la croissance en un mot, pour la satisfaction des besoins des populations.
Pour transformer les espérances des populations en victoires, j’ai l’honneur de vous partager l’état d’esprit qui anime l’action de ce Gouvernement de combat : notre Gouvernement sera nécessairement un gouvernement de consolidation, en résonance avec les réalisations majeures déjà enregistrées ;
notre Gouvernement sera aussi un gouvernement en synergie avec les populations, à l’écoute de leurs besoins ; il sera enfin un gouvernement résolument engagé, qui trace un sillon vers l’émergence.
Telles sont les trois orientations primordiales qui fondent la cohérence des politiques, des stratégies, des réformes, des programmes et projets que nous allons élaborer et mettre en œuvre ensemble pour le bien du Sénégal.
LE GOUVERNEMENT DE COMBAT SERA D’ABORD ET AVANT TOUT UN GOUVERNEMENT DE CONSOLIDATION
Le Gouvernement, dont il m’incombe de coordonner l’action, sera avant tout un Gouvernement de consolidation : consolidation des performances économiques, diplomatiques, sportives ; consolidation des acquis sociaux ; consolidation de l’État républicain.
Deux ans après son élection à la tête de l’État, le Président de la République Macky Sall avait conçu un instrument essentiel que le Gouvernement était chargé d’exécuter pour accomplir les tâches qui lui incombent : c’est le Plan Sénégal émergent (PSE) dans lequel sont présentés le cadre et les objectifs de l’avenir du pays à l’horizon 2035. La mise en œuvre du PSE, notamment le premier plan d’action prioritaire, avait créé une dynamique de croissance forte et soutenue sur cinq années consécutives.
C’est ainsi que sur le plan économique, le PSE a permis de renforcer le cadre macroéconomique et de réaliser des performances en termes de croissance.
En ce qui concerne le budget, les recettes ont connu une hausse constante. Il est passé de 2 345 milliards en 2012 à 6411 milliards en 2023.
À propos de la situation sociale, la masse salariale connait un accroissement exceptionnel. Non seulement, le nombre de salariés a beaucoup augmenté, mais les salaires aussi ont évolué de manière substantielle. Le Président de la République a revalorisé significativement la rémunération de l’ensemble des agents, en 2022, à hauteur de 120 milliards, dans le but de lutter contre l’érosion de leur pouvoir d’achat.
Sur le plan diplomatique, l’expression du leadership international du Président de la République Macky Sall nous honore, notamment avec son élection à la présidence de l’Union Africaine. Il a brillamment contribué à davantage faire entendre et considérer la voix du continent sur des questions multilatérales d’importance cruciale.
Quant au sport, le Président de la République a réussi à construire un système sportif performant qui contribue au développement économique et social de notre pays et au rayonnement culturel de notre pays.
Les premiers succès du PSE se sont matérialisés par des réalisations tangibles. Assurément, les infrastructures économiques de notre pays ont été fortement consolidées, grâce à la mise en œuvre des grands projets du Chef de l’État Macky Sall, notamment les programmes d’équité territoriale.
Le PUDC, avec ses 4 volets : allègement des travaux des femmes, hydraulique rurale, pistes rurales et électrification rurale, a été conçu en 2015 en vue d’éradiquer la pauvreté et les inégalités.
Le PROMOVILLES, comportant trois volets : voirie urbaine, assainissement et éclairage public a été lancé en 2016. Il a eu des résultats satisfaisants en termes de développement des infrastructures, d’aménagement et d’appui aux collectivités territoriales et a bénéficié d’une enveloppe financière globale de 151 milliards de francs.
Le PUMA qui intervient en zone frontalière pour satisfaire les attentes légitimes des populations, lancé en octobre 2016 sur financement interne de l’Etat, vise l’équité territoriale par la modernisation des axes et territoires frontaliers et l’amélioration des conditions de vie des populations dans ces zones.
L’équité territoriale a été incontestablement renforcée par l’élargissement de la carte scolaire.
L’équité sociale et l’efficacité du système de santé ont été largement améliorées, spécialement, à travers le recrutement important de professionnels, la mise en service de nouvelles structures.
La résilience des ménages et l’inclusion sociale ont été considérablement raffermies. Conformément aux indications du Président de la République, le pouvoir d’achat a été soutenu pour réduire considérablement les inégalités. L’État avait pris des mesures sans précédent de protection sociale et de soutien aux ménages, pour plus de 620 milliards en 2022.
Le Gouvernement s’engage à maintenir les subventions à ces montants. Parallèlement, des mesures spécifiques sont prévues pour les réduire, notamment dans les domaines de l’électricité et du carburant, afin d’éviter des dérapages susceptibles de porter atteinte aux équilibres budgétaires. Mieux, la distribution des subventions sociales sera davantage ciblée.
Grâce aux sacrifices de l’État et des partenaires sociaux lors des concertations citoyennes contre la vie chère, le Président de la République Macky Sall a baissé les prix des produits et des services de grande consommation. J’adresse un appel solennel aux industriels et aux commerçants à maintenir cet élan patriotique pour l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages.
Le Président de la République Macky Sall veut un Sénégal de tous, un Sénégal pour tous, voilà pourquoi, il a mis en place d’importants programmes d’équité sociale. Il a instauré une Bourse de sécurité familiale pour les familles défavorisées. Ce programme, lancé en 2013, a bénéficié jusqu’en 2021 de 164 milliards de francs, ce qui a permis de mettre à la disposition de plus de 316 mille ménages démunis.
Quant à l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes, l’esprit d’entreprise a été libéré. Le Gouvernement a mis en œuvre divers programmes dédiés à l’insertion professionnelle, à la promotion de l’auto-emploi des femmes et des jeunes, notamment avec le programme « Xëyu ndaw ñi », doté d’une enveloppe de 450 milliards. La Délégation à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (DER/FJ) a octroyé entre 2018 et 2022 des financements à hauteur de 100 milliards de francs au profit plus de 204 mille bénéficiaires dont plus de 75% de femmes.
Le PSE a aussi permis de renforcer les institutions de la République. C’est ainsi que notre Gouvernement se fera fort d’affermir l’État républicain.
La modernisation et l’amélioration de la performance de l’Administration sénégalaise constituent le premier facteur de consolidation de l’État républicain. En effet, l’Administration publique reste le bras séculier de l’État. Le Gouvernement va continuer l’effort de modernisation de notre Administration pour en faire une véritable Administration de développement, une Administration au service du développement.
Le deuxième facteur qui va contribuer à consolider l’État républicain consiste à moderniser la Justice et à apporter plus de célérité dans son fonctionnement. Les attentes légitimes du corps social envers notre système judiciaire sont de plus en plus grandes. C’est ainsi que l’amélioration des conditions de fonctionnement du service public de la Justice constitue une priorité de l’action gouvernementale.
Le troisième élément consolidant l’État républicain est le renforcement de la sécurité et la stabilité sociale, gages d’une paix durable.
Notre pays a une longue tradition de protection des droits fondamentaux, notamment la liberté d’expression, la liberté d’information et la liberté de la presse. Ces droits ne sont, cependant, pas absolus. La responsabilité et la redevabilité en sont les corollaires. Ils s’exercent dans le strict respect des lois en vigueur et en conformité avec les règles d’éthique et de déontologie.
Les réseaux sociaux constituent une incontestable avancée pour la liberté d’expression. En revanche, force est de constater que les libertés de communication et d’expression offertes par les réseaux sociaux génèrent des abus inacceptables : violation de la vie privée, messages de haine, fausses informations, diffamation, harcèlement, appels à la violence, propagande terroriste, etc. Face à tant de dérives malheureuses, notre société s’interroge, s’inquiète et s’alarme. Elle exige de vous et de nous tous, des mesures fortes pour combattre les abus de quelque nature et de quelque origine qu’ils soient.
Le Président de la République Macky Sall, a donné instruction au Gouvernement de réfléchir à un dispositif de régulation des réseaux sociaux et du cyberespace. Le Gouvernement va initier de larges concertations entre les acteurs dans le but de concilier la liberté d’expression avec le droit d’être protégé contre la manipulation de l’information, le droit de ne pas être diffamé, injurié ou harcelé sur les réseaux sociaux.
Nous partageons tous l’idéal de liberté qui a toujours guidé les pas de notre nation, sans hésitation ni incertitude. Cet idéal sera protégé, tout comme l’ordre public sera maintenu en tout temps et en tout lieu.
Pour mieux assurer la sécurité et la tranquillité publiques et le maintien de l’ordre, les effectifs de la Police et de la Gendarmerie ont été relevés, et le seront davantage. Et pour mieux tenir compte de l’impact des technologies numériques sur notre sécurité, le Gouvernement renforcera le cadre stratégique et opérationnel de la cybersécurité.
Chaque Sénégalais mérite de se sentir en sécurité sur l’étendue du territoire de la République. Pour cela, la violence sera combattue sous toutes ses formes. Le Gouvernement continuera de veiller à ce que toute personne vivant dans notre pays soit en sécurité et ait la chance de vivre en paix.
Au demeurant, la paix en Casamance sera définitivement entérinée par une démarche qui prend en considération l’intérêt de nos chers compatriotes établie dans cette belle région du pays.
La défense de l’intégrité du territoire sera garantie, car il s’agit d’un principe inaliénable et non négociable. Le Gouvernement veillera à ce que les forces de défense et de sécurité soient en mesure d’accomplir leur mission.
Notre appareil de défense et de sécurité national sera ainsi dans la posture adéquate pour pouvoir répondre, comme il se doit, à toute mission aussi bien sur le plan national que dans le cadre d’opérations conjointes reposant sur des alliances ou sur des mécanismes de sécurité collective.
LE GOUVERNEMENT SERA DONC UN GOUVERNEMENT DE CONSOLIDATION. IL SERA AUSSI UN GOUVERNEMENT À L’ÉCOUTE DES POPULATIONS.
L’écoute des populations fait connaître au Gouvernement les besoins sociaux et les préoccupations de la jeunesse de notre pays. La vision du Chef de l’État Macky Sall est de faire de la croissance projetée, une croissance quantitative, mais aussi une croissance qualitative, à travers le renforcement du capital humain.
Le Gouvernement va s’atteler à accélérer l’éradication de la faim et de l’extrême pauvreté dans les zones touchées. La solidarité donne tout son sens au respect de la dignité humaine.
Dans la continuité de la politique de soutien aux ménages les plus vulnérables décidée par le Chef de l’État Macky Sall, notre Gouvernement poursuivra les mesures de soutien direct à travers, entre autres, les bourses de sécurité familiale, la couverture maladie universelle, l’appui aux filets sociaux, pour préserver ces segments de la société de la précarité, au nom des principes d’équité, de solidarité et de cohésion sociale.
Pour le Gouvernement, être à l’écoute des populations se traduit aussi par la correcte prise en charge des besoins éducatifs des jeunes de notre pays. L’éducation et la formation pour demain et pour aujourd’hui constituent un pilier fondamental de la stratégie gouvernementale de satisfaction de la demande sociale.
Le Gouvernement veillera à intégrer les nouveaux métiers dans la perspective de la mise en adéquation des formations avec les exigences réelles du marché.
Le Président de la République Macky Sall demeure sensible aux vertus et principes qui ont fait rayonner notre pays dans le monde. C’est ainsi d’ailleurs qu’il a donné instruction au Gouvernement de procéder au recensement des daaras et de leur affecter 20% de la subvention destinée aux établissements d’enseignement.
Un Gouvernement à l’écoute des populations est un Gouvernement qui prend à bras-le-corps leurs préoccupations en matière de santé. La santé pour tous constitue un pilier non moins essentiel pour faire de la croissance, une croissance de qualité.
La CMU a permis de prendre en charge 11 mille femmes dans le cadre de la gratuité de la césarienne ; 2,5 millions d’enfants de moins de 5 ans pour une gratuité des soins. Elle a également permis d’alléger la prise en charge des personnes souffrant de l’insuffisance rénale chronique, par la gratuité de l’hémodialyse.
L’État a accompagné cette mesure de gratuité par la construction et l’équipement de centres de dialyse pratiquement dans toutes les régions du Sénégal.
L’offre de service de santé sera améliorée en quantité et en qualité ; elle sera élargie et rendue plus accessible. De 2012 à maintenant, 9 nouveaux hôpitaux, 18 centres de santé, 300 postes de santé et 21 centres de dialyse ont été créés.
Cet effort sera accentué, notamment avec la construction du Centre polyclinique de l’Hôpital Principal, des centres hospitaliers nationaux El Hadji Malick Sy de Tivaouane, Alioune Badara Cissé de Saint-Louis et d’Oncologie de Diamniadio et du centre hospitalier régional de Ourossogui.
Les inondations constituent un défi majeur que nous impose le dérèglement climatique à l’échelle mondiale. Le combat contre les inondations constitue un autre élément important de la demande sociale à laquelle le Gouvernement prête une oreille attentive. Le Gouvernement a mis en œuvre un Programme décennal de gestion des inondations, couvrant la période 2012-2022, et évalué à 767 milliards de francs, qui a abouti à des progrès notoires.
Le Gouvernement va poursuivre vigoureusement les actions de prévention et de lutte contre les inondations. Il va formuler un nouveau programme multisectoriel de lutte contre les inondations 2023-2033 après la finalisation des travaux d’évaluation du premier programme.
L’accès à un logement décent reste aussi au cœur des préoccupations gouvernementales, parce que le Président de la République en porte la vision.
Le projet des 100 mille logements connait un début d’exécution satisfaisant avec le démarrage des aménagements, des constructions, du développement de l’écosystème de la construction. Les premiers lots seront livrés avant le 31 décembre 2023. Les concertations contre la vie chère vont aussi permettre de réduire les prix des loyers des locaux à usage d’habitation, soulageant du coup, les budgets des ménages d’une charge jusqu’ici pesante et incompressible.
S’agissant de notre jeunesse, la prise en compte de ses préoccupations et la préparation de son avenir traduisent la volonté du Gouvernement d’être à l’écoute des populations. En effet, ce dernier entend libérer le potentiel de la jeunesse de notre pays.
La jeunesse sénégalaise, consciente et exigeante, est un atout lorsque toutes ses potentialités sont valorisées à travers sa réelle implication dans le développement de la société.
L’emploi et l’auto-emploi des jeunes font partie des préoccupations majeures que le Président de la République Macky Sall nous a demandé de prendre à bras-le-corps. C’est pourquoi le Gouvernement fait de la qualification professionnelle et de l’accès à l’emploi une priorité, en particulier dans les banlieues et les zones rurales.
Le Gouvernement continuera donc la mise en œuvre des politiques de jeunesse conçues par le Chef de l’État Macky Sall, en termes d’éducation, de formation aux métiers, à l’image du 3FPT qui a pris en charge la formation professionnelle et technique des jeunes pour un montant cumulé de 167 milliards entre 2015 et 2022. Pour 2023, un montant de 30 milliards est inscrit au budget.
La DER/FJ a créé, depuis 2018, plus de 100 mille emplois directs et de 200 mille emplois indirects. Elle va continuer, en plus du nano-crédit et de l’autonomisation, ses actions de financement des projets structurants. L’impact de la DER/FJ sera renforcé afin de permettre aux jeunes de créer davantage d’activités génératrices de revenus.
Les jeunes de notre pays sont les garants de la perpétuation de notre culture et de nos modes d’expression culturelle. Le Gouvernement accompagnera la jeunesse de notre pays, à travers la valorisation de notre patrimoine historique et la matérialisation de la volonté politique du Président de la République de doter notre pays d’infrastructures culturelles ayant un fort impact mémoriel et économique.
Le Gouvernement va structurer l’écosystème des industries culturelles et créatives par la mise en œuvre d’incubateurs de projets, notamment dans le domaine de la culture urbaine.
Le sport constitue une des priorités majeures dans le programme de développement de notre pays. Dans le but d’accroître le prestige et l’image du pays, les participations aux compétitions internationales seront davantage considérées. C’est ainsi que le Gouvernement va favoriser les emplois sportifs et développer les emplois dans le sport à travers la professionnalisation et l’organisation de grands évènements.
La jeunesse de notre pays, comme celle du monde, est très sensible à l’environnement, car elle est consciente que son avenir sur la planète est en jeu. Un nouveau modèle de développement économique doit tenir compte, bien plus que par le passé, de la préoccupation de défense et de protection de l’environnement.
Le PSE met la question environnementale au centre de sa stratégie de développement, par la promotion des cultures moins consommatrices en énergie et en eau, mais aussi par l’imposition aux sociétés extractives de cahiers des charges exigeants sur la remise en état de leurs zones d’activité. Le Gouvernement mettra davantage de cohérence dans sa politique climatique dans le but de renforcer la protection de nos écosystèmes environnementaux.
Nos compatriotes ont clairement exprimé leur attachement à la paix et à la démocratie. Il nous incombe de ne pas les décevoir. La tâche qui est devant nous est immense ; la division entre Sénégalais serait un handicap insurmontable. L’ambition du Gouvernement, le désir du Chef de l’État est de maintenir et consolider la cohésion sociale de notre pays. C’est une condition de la démocratie et une exigence de notre marche vers l’émergence.
LE GOUVERNEMENT SERA DONC UN GOUVERNEMENT DE CONSOLIDATION, UN GOUVERNEMENT À L’ÉCOUTE DES POPULATIONS. IL SERA ENFIN UN GOUVERNEMENT RÉSOLUMENT ENGAGÉ VERS L’ÉMERGENCE.
L’économie nationale a besoin d’un regain de dynamisme. Le Gouvernement dont j’ai l’honneur de coordonner l’action, est résolument tourné vers la recherche du mieux au profit des Sénégalais.
Au moment de la conception du Plan Sénégal émergent que nous implémentons depuis bientôt 10 ans, il avait été fait, volontairement, abstraction des découvertes pétrolières qui venaient d’être effectuées. Maintenant que l’exploitation pétrolière et gazière va entrer dans sa phase active de production, le moment est venu de prendre en considération, l’impact de ces ressources sur notre économie et donc sur le PSE qui constitue le référentiel unique de nos politiques publiques et le cadre d’action du Gouvernement à l’horizon 2035.
Le Gouvernement va procéder à la réécriture du Plan Sénégal émergent. La nouvelle version du PSE sera finalisée au courant du premier semestre de l’année 2023. Et comme pour la version de base, l’ensemble des acteurs : administrations, universités, société civile, patronat, syndicats, partis politiques, ainsi que les partenaires au développement seront impliqués. Les ressources nécessaires au financement de la phase 3 seront intégralement mobilisées.
Le premier facteur qui va conforter le Gouvernement dans son engagement résolu vers l’émergence est l’amélioration de la gestion des finances publiques, dans le but de renforcer notre système économique et asseoir les bases d’une croissance soutenue. Dans ce cadre, la volonté du Gouvernement est de dégager, sans tarder, des marges de manœuvre budgétaires fortes permettant de réaliser une croissance économique plus robuste.
La maîtrise des dépenses publiques s’impose car tout alourdissement de la dette publique affectera notre croissance économique. En outre, il est nécessaire d’accroître la qualité de la dépense.
Aux ministres et directeurs généraux, je ne donnerai qu’une consigne : ne dépensez pas plus, dépensez mieux !
Dix ans après la dernière réforme fiscale, l’heure est venue de procéder à l’évaluation et d’adapter le Code général des impôts aux enjeux de l’heure.
Le Gouvernement va initier une réforme en profondeur de notre système fiscal. De larges concertations seront ouvertes, dans une démarche inclusive, pour associer l’ensemble des partenaires à la réflexion et à l’incubation de ce qui sera le nouveau dispositif fiscal.
Le Gouvernement va réadapter les instruments de mesure et de prospective. Ainsi, dès le début de l’année 2023, il sera procédé, conformément aux standards statistiques, au changement de l’année de base des comptes nationaux.
Le « rebasing » permettra de remplacer la base référentielle 2014, afin de refléter au mieux la structure actuelle de l’économie et le niveau du produit intérieur et de ses composantes.
Les projets et programmes sociaux annoncés par le Gouvernement doivent être éclairés par un système d’information moderne et fiable.
Le Gouvernement va procéder au 5e recensement général de la population et de l’habitat en 2023. Ce recensement permettra de renseigner les indicateurs pour le suivi et l’évaluation du PSE, de la capture du dividende démographique.
Le deuxième élément qui va renforcer l’engagement résolu du Gouvernement vers l’émergence et permettre à notre économie de renouer avec la croissance, consiste à consolider le développement du secteur privé et favoriser la vitalité de nos entreprises.
Le Gouvernement va accroître les infrastructures pour relancer la dynamique de l’économie et générer des emplois. Le port du futur à Ndayane et le port minéralier et vraquier de Bargny-Sendou seront rendus opérationnels, respectivement en 2023 et 2024, pour décongestionner le port de Dakar.
Le troisième facteur de consolidation de l’engagement résolu du Gouvernement vers l’émergence consiste à soutenir les entreprises nationales et la production locale.
Le numérique constitue une grande opportunité à saisir, les start-ups, de véritables vecteurs de développement, à soutenir. Dès lors, j’entends poursuivre et améliorer l’œuvre déjà accomplie par le Gouvernement précédent dans le domaine de l’économie numérique.
Le développement de l’entreprise et de la production locales reste une condition essentielle pour atteindre la souveraineté alimentaire. Le Gouvernement entend maintenir le cap pour concrétiser la vision du Président de la République Macky Sall dans le domaine de la souveraineté alimentaire, notamment à travers la diversification et la modernisation de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche.
La stratégie nationale de souveraineté alimentaire connaîtra son début d’exécution en 2023. Le projet de deuxième recensement national de l’Agriculture fournira des données agropastorales, alimentaires et nutritionnelles fiables et à jour.
Le Gouvernement va augmenter les investissements agricoles. L’accent sera mis sur la consolidation des acquis de la filière riz pour atteindre l’autosuffisance, la diversification et le développement des cultures céréalières et de la filière horticole, l’amélioration de la compétitivité de l’arachide, la poursuite des actions d’aménagements hydro-agricoles.
L’éclosion d’un secteur privé puissant et la restauration d’une croissance durable sont largement tributaires aussi de l’accès au financement.
Le Gouvernement va proposer la création d’une grande holding bancaire pour appuyer le développement de nos entreprises. Cet établissement va intégrer l’ensemble du portefeuille bancaire de l’État et consolider ses actifs.
L’économie sociale et solidaire est un facteur d’inclusion financière et de création d’emplois durables. J’engage le Gouvernement à accompagner ce secteur, porteur d’un modèle de développement harmonieux et intégral, de le soutenir davantage dans une dynamique de structuration, d’organisation et d’expansion.
C’est avec le même souci de regarder vers l’avenir que j’en viens à l’ère nouvelle qui s’ouvre devant nous, celle de la production du pétrole et du gaz dans notre cher pays. Le projet Sangomar est à 67% de taux de réalisation ; la date du first oil est prévue à la fin de l’année 2023. Le projet GTA a un taux de progression de 83% à fin août 2022 ; le first gas est prévu au début de l’année 2024.
Avec notre entrée dans le cercle des pays producteurs de pétrole et du gaz, notre système d’offre d’électricité sera renforcé.
Au-delà de la rente des hydrocarbures, l’avantage comparatif dont va tirer profit notre pays est le développement de l’écosystème du pétrole et du gaz ainsi que la promotion du contenu local, gages d’une participation équitable des entreprises et de la main d’œuvre nationales dans l’exploitation de nos ressources.
Le Président de la République a déjà institué un Fonds d’appui au développement du contenu local qui a pour objectif de renforcer les capacités des entreprises et des ressources humaines locales aux fins de les rendre compétitives sur le marché pétrolier et gazier. De même, le Fonds intergénérationnel qu’il a créé va réaliser des investissements au profit des générations futures et nous préparer déjà à l’après-pétrole.
Enfin, la diplomatie sénégalaise constitue un véritable facteur de croissance de notre économie et un vecteur de l’engagement résolu du Gouvernement vers l’émergence. Ce dernier mettra la politique étrangère et la contribution des Sénégalais de l’extérieur au service de nos intérêts économiques, parce que justement, l’économie doit davantage profiter du rayonnement de notre pays sur la scène africaine et internationale.
Le Sénégal est l’un des principaux pays africains bénéficiaires des envois de fonds de ses ressortissants à l’étranger dont les flux représentent environ 10% du PIB. Le Gouvernement va améliorer la prise en charge des besoins des Sénégalais de la diaspora.
La vision du Chef de l’État Macky Sall, à ce sujet sera matérialisée par le Plan d’orientation stratégique qui met en exergue la volonté de faire de nos concitoyens vivant à l’étranger, de véritables acteurs de développement.
Telle est la substance du programme de travail que le Gouvernement s’est déjà attelé à exécuter, sous la vision éclairée de Son Excellence, le Président de la République Macky Sall.