Quatre candidats à la présidence de l’Assemblée se sont déclarés au sein de l’intercoalition Yewwi-Wallu. Mais est-ce que l’opposition a présenté de bons profils ?
Alors que le pouvoir compte un député de plus que l’opposition (83 contre 82), voilà que celle-ci se bat pour le poste de président de l’Assemblée nationale. En dehors des questions sur les éventuels soutiens cachés de l’intercoalition Yewwi-Wallu, il y a aussi la légitimité de chacun des candidats déclarés. Rappelons d’abord que sur les 80 sièges de la coalition, Yewwi en a 56 et Wallu 24 députés.
Parmi les candidatures, il y a celle d’Ahmed Aïdara. Si l’homme devient président de l’Assemblée nationale, il aura sans doute la carrière politique la plus fulgurante de l’histoire politique contemporaine du Sénégal. Mais la vérité est que, malgré sa détermination, il n’a aucune chance de devenir patron de l’hémicycle.
Sur le plan politique, la coalition a fait qu’il a été impossible de savoir si Ahmed Aïdara a une base politique solide. Il s’y ajoute qu’il est tout sauf un leader d’envergure nationale. Maire de la ville de Guédiawaye à sa première tentative, il a plus bénéficié d’un concours de circonstances que d’une réelle représentativité.
Sur le plan intellectuel, son cv est assez léger. « La présidence de l'Assemblée nationale n’est pas une revue de presse », lui a lancé Cheikh Abdou Mbacké Bara Doli.
En vérité, ce serait une dégringolade que de voir l’Assemblée nationale du Sénégal être dirigée par Ahmed Aïdara. Certes, le niveau des députés ne cesse de baisser depuis des années, mais de là à choisir l’ancien employé de Dmédia, il y a un pas que Khalifa Sall et Ousmane Sonko se garderont de franchir, surtout que ce serait lui offrir un cadeau sur un plateau d’argent, sans contrepartie.
Barth, futur mastodonte politique
Autre candidature, celle de Birame Souleye Diop. Le responsable du Pastef s’est déclaré à la dernière minute, si l’on en croit la presse. Ce serait sans doute une façon pour le Pastef de disposer d’un moyen de pression ou d’un argument de négociation sur les autres. Sa candidature est peut-être recevable en ce sens que son leader Sonko a été reconnu comme l’artisan principal de la ‘’victoire’’ de l’opposition.
Cependant, comme Ahmed Aïdara, Birame Souleye Diop n’a pas la carrure d’un leader confirmé. D’ailleurs, il n'a jamais été député pour connaître le fonctionnement de l’Assemblée. Il lui manque donc l’expérience nécessaire, même si cet argument n’est pas toujours valable.
La dernière candidature de Yewwi est celle de Barthélémy Dias. Maire de Dakar, il a pris de l’envergure depuis quelques années, surtout depuis qu’il a réussi à rapprocher Ousmane Sonko de Khalifa Sall. Il est, pour l’instant, le principal bénéficiaire de ce rapprochement. Certes, il a plus de vécu et de poids politiques que les deux précédents, mais Barth est un sang-chaud qui n’est pas de nature à instaurer une assemblée de sérénité et de concorde.
En plus, vu l’envergure prise par Khalifa Sall à la mairie de Dakar face à Ousmane Tanor Dieng, il y a fort à craindre qu’un autre ‘’monstre’’ politique soit créé avec la mairie de Dakar et l’Assemblée nationale combinée. Khalifa Sall en est conscient, de même que Ousmane Sonko.
Lamine Thiam et le jeu trouble du Pds
Du côté de Wallu, il n’y a qu’un seul candidat désigné par Wade : Lamine Thiam. Il est peint comme un homme d’expérience qui devrait être à la hauteur. Seulement, depuis la perte du pouvoir, le Pds et son chef ont eu un jeu trouble au sein de l’opposition (boycott de la présidentielle de 2019). Et la démission de Dr Cheikh Dieng indique qu’il y a un possible arrangement entre Wade et Macky.
« Je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut que Macky quitte le pouvoir en 2024, sans aucun compromis, sans aucune voie de compromission. (…) Nous voulons une alternance véritable en 2024 et non en 2029 », déclare Dieng sur Source A. Yewwi risque donc de se faire hara-kiri en portant Lamine Thiam au perchoir.
En plus, le Pds avait sa propre liste et s’est retrouvé avec 24 députés contre 56 pour Wallu. Il sera donc difficile à Wade et Cie de convaincre pour faire passer leur candidat.
Malgré tout, Wade va peser sur la balance avec ses 24 députés. Et Yewwi doit régler son problème entre ses trois candidats. La question est donc loin d’être tranchée.