Le Président de la République, Macky Sall, a instruit mercredi le ministre de la Justice, Ismaila Madior Fall, de trouver des solutions pour que des responsables politiques puissent bénéficier d’une amnistie ou toute autre solution juridique qui pourrait leur permettre de retrouver l’éligibilité. Cette annonce intervenue à quelques 15 mois de l’élection présidentielle de 2024 viserait implicitement Karim Wade et Khalifa Sall sous le coup d’une inéligibilité respectivement depuis 2015 et 2018.
La nouvelle de ce qui s’avère une volonté politique du chef de l’Etat est tombée mercredi soir, tel un message en biais. Macky Sall qui présidait le Conseil des ministres de ce 28 septembre a émis, contre toute attente, son intention de desserrer l’étau autour des responsables politiques frappés d’inéligibilité. Une décision aux relents à la fois politiques et démocratiques susceptible de multiplier les candidats à la prochaine présidentielle de 2024.
Les camps du secrétaire général adjoint du Parti Démocratique Sénégalais (Pds) et de l’ancien député-maire de la ville de Dakar se sont empressés de donner le ton à haute et intelligible voix aussitôt après la sortie du locataire de Palais de Roume. Levant ainsi le voile sur leur état d’esprit à quelques mois de la course à la magistrature suprême. Les deux ont manifesté leur volonté d’aller aux révisions de procès pour, in fine, blanchir leurs leaders.
Mais le président qui instruit son ministre de la Justice de trouver des voies et moyens pour, semble-t-il, tirer ces « futurs » candidats d’affaires, n’a-t-il pas la possibilité de trancher et d’aller plus vite ? Ou alors, est-il en train de sonder les camps de Karim Meïssa Wade et de Khalifa Ababacar Sall ?
La démarche, bien que régulière, est bavarde sur la volonté de Macky Sall dès lors, qu’au moins, deux à trois possibilités s’offrent à lui : soit accéder à la révision des procès tel que l’exigent le Pds et Taxawu Sénégal soit porter par lui-même ou par son chef du gouvernement en la personne d’Amadou un projet de loi d’amnistie. Une troisième [moins plausible] serait d’enclencher une discussion, pour ne pas dire, un dialogue politique avec les têtes de ponts, en l’occurrence Me Abdoulaye Wade et Khalifa Sall.
En choisissant de mettre au devant de la scène, son ministre de la Justice étiqueté « tailleur Constitutionnel », on peut légitimement douter de l’intention du président qui serait en train de sonder ses adversaires.
Rappelons, pour terminer que l’Opposition, réunie au sein de l’inter coalition Yewwi Askan Wi – Wallu Sénégal avait l’initiative de proposer un projet à l’Assemblée nationale. Au regard de la situation actuelle de la 14e législature, le président anticipe sur l’éventualité en coupant l’herbe sous les pieds. Dès lors, il ne lui reste qu’à jauger les humeurs des uns et des autres pour réorienter sa politique sur ces « K » à gérer avec tact et maestria. Pour dire que la conduite à prendre est tributaire des informations à recueillir à la suite du débat posé.
Birama THIOR
Journaliste