Depuis que Sonko constitue une alternative sérieuse à Macky Sall, une entreprise politique a été concoctée par le pouvoir en place afin de le liquider politiquement tels Khalifa Sall et Karim Wade
La violence s’est encore invitée dans la campagne électorale. Mais il faut d’emblée souligner que le député-maire de Agnam Civol Farba Ngom a raté son objectif comminatoire qui consistait à réserver un accueil violent à Ousmane Sonko quand il foulerait le sol de Matam. Et en dépit de ces menaces, la tête de liste de Yewwi Askan Wi en compagnie de la conférence des leaders a foulé le sol matamois où une marée humaine l’attendait. De la porte de la ville jusqu’au centre-ville, la foule surexcitée a tenu à accompagner le Yewwiste en chef malgré les menaces de Farba. Mame Mory Diaw, édile de Matam, qui avait lui aussi concocté un plan d’attaque contre Sonko et compagnie a été aux abonnés absents. Finalement Farba a préféré se terrer dans son Agnam avec ses nervis non sans renouveler les menaces contre Sonko s’il foulait le sol de son terroir.
Mais c’est l’étape de Ourossogui où des gangsters stipendiés par Moussa Bocar Thiam, édile de la ville et agent judiciaire de l’État, qui s’en sont pris à la caravane de Yewwi. La présence des forces de l’ordre n’a pas empêché les nervis et leur chef Moussa Bocar de mettre à exécution leur plan de violence. Pourtant la veille de la venue de Yewwi, le maire loufoque de Ourossogui entouré de ses sicaires a clairement déclaré qu’il ne permettrait pas à Sonko et les autres « yewwistes » de fouler le sol de sa commune parce que le titre foncier appartient à son mentor Macky Sall. C’est inadmissible d’entendre de la bouche de l’agent judiciaire de l’État déblatérer des propos répulsifs qui établissent des digues entre citoyens du Sénégal. La Loi fondamentale en son article 5 interdit tout communautarisme ethnique, religieux, confrérique et pourtant le gardien de la Constitution, garant de l’unité nationale, est le premier à planter des cloisons étanches dans une portion du territoire pour en faire sa propriété exclusive. Et c’est fort de cela que des hurluberlus écervelés comme Farba Ngom et Moussa Bocar Thiam embouchent la même trompette pour exercer une violence inouïe sur tous ceux qui ont le toupet de venir dans le Fouta pour le conquérir.
Nonobstant la gravité de tels propos, la gendarmerie présente sur les lieux n’a pas daigné convoquer Moussa Bocar Thiam pour l’interroger sur son projet cynique et mortifère. Qu’est-ce qui explique le laxisme des autorités sécuritaires au point de ne pas mettre la main sur les instigateurs et les exécuteurs de telles violences ? Pourtant quand, à Bakel, des chenapans ont lapidé le convoi de Pape Diop, tête de liste de Bokk Gis Gis/Ligééy, dans les minutes qui suivent ils ont été appréhendés par la gendarmerie. Mais les nervis de Moussa Bocar Thiam s’en sont pris ostensiblement au convoi de Yewwi sans craindre une seule arrestation ou poursuite. C’est la même chose qui est arrivée à Kandiounkou dans le Sédhiou avec Lamine Seydi, militant de l’APR, qui a tiré et blessé impunément deux pastéfiens le 17 juillet passé. Gardé douillettement à la gendarmerie de Bounkiling pour quelques jours pour le mettre à l’abri de représailles de la part des populations en colère, il a été relâché cinq jours plus tard. Conséquence : les jeunes qui étaient aux aguets l’ont poursuivi sur la route qu’il empruntait pour rentrer. Cinq des motos qui lui servaient d’escorte ont été réduites en cendre par la foule surchauffée et le pistolero Seydi a fini par prendre la poudre d’escampette. Ne pouvant pas mettre la main sur lui, les jeunes ont incendié sa maison tout en réclamant justice.
Et l’affaire est loin de finir parce que les jeunes furibards lui ont promis la géhenne. Par conséquent, quand la justice institutionnelle se dérobe de ses devoirs, la justice populaire s’arroge de ses droits et use de sa violence légitime. Il en est ainsi à Kaolack quand la police a fermé l’œil sur les exactions de la Cojer contre le convoi de Yewwi aux premières heures de la campagne électorale. Aucune responsabilité administrative ni judiciaire n’a été située si bien que la famille de Médina Baye, par la voix de MC Niasse, a cloué au pilori les sauvageons de la Cojer auteurs de ces violences. Une chose est constatable : quand la violence est exercée sur Sonko et compagnie, la police et la gendarmerie certainement sous les ordres de leur chef, le procureur de la République, passent outre. Mais quand la violence est située dans les rangs de Yewwi, il faut vaille que vaille procéder à des arrestations. Lorsque le maire de Thiès, Babacar Diop, a porté plainte contre un bodyguard de Sonko pour des faits de caillassage, des « poulets » n’ont pas hésité à stopper la caravane de Yewwi en pleine ville de Tambacounda pour l’arrêter. N’eût été l’imprécision nominative sur le mandat d’arrêt détenu par le commissaire, un des gardes de Sonko aurait été appréhendé et certainement acheminé à Thiès pour être embastillé.
Le 6 octobre 2018, la militante de Pastef, Mariama Sagna, a été victime d’une agression sexuelle mortelle à Keur Massar après être rentrée d’un meeting. Jusqu’à ce jour, justice n’a pas été rendue à la malheureuse Mariama. Dans la nuit du 23 au 24 janvier 2019, le siège du Pastef a été saccagé par des nervis marron-beige clairement identifiés. Là aussi aucune réaction de la police encore moins de la gendarmerie. En dépit de la plainte déposée par le Pastef, aucune enquête n’a été déclenchée. Pendant les violences de mars 2021, aucune enquête n’a été entreprise pour faire la lumière sur ces 14 citoyens qui ont donné leur vie pour sauver leur leader de l’injustice d’une justice dont le seul dessein était de l’écarter du jeu politique. Lors des manifestations du 17 juin, trois jeunes ont perdu la vie. Même pour établir la vérité issue de l’autopsie médico-légale d’Idrissa Goudiaby, le procureur de Ziguinchor s’emberlificote dans ses propres contradictions. Le rapport d’autopsie fait état d’une mort par objet contondant et tranchant. Un objet contondant ne peut pas être tranchant et vice-versa. Ce qui montre tout le manque de sérieux et d’objectivité du médecin qui a livré ce rapport qui devait être remis en cause par le maître des poursuites avant d’être livré au public. La demande d’une troisième autopsie brouille les pistes et met à nu le dessein réel du procureur de ne jamais apporter la lumière sur l’assassinat du jeune Goudiaby.
Je m’abstiendrais de lister les différentes injustices vécues par Sonko depuis sa radiation jusqu’à son arrestation dans l’affaire Adji Sarr.
Il appert que le leader de Pastef, depuis qu’il constitue une alternative sérieuse au président sortant Macky Sall, toute une entreprise de liquidation étatique a été concoctée par le pouvoir en place et leurs suppôts internationaux pour le liquider politiquement à l’instar de Khalifa Sall et de Karim Wade. C’est là tout le sens de l’appel au mortal kombat du leader de Pastef pour échapper à l’enterrement de première classe que Macky réserve à ses opposants les plus coriaces.
Serigne Saliou