Une presse corrompue est un danger pour son pays. Elle renonce à son rôle sociétal : celui de veiller au respect des principes démocratiques, de cultiver la diversité, d’encourager les discours contradictoires, d’éclairer le choix du peuple en donnant des informations de qualité, in fine, de servir l’intérêt général.
Elle ne réfléchit plus, ne voit plus, n’entend plus. Elle est dans la connivence et la compromission. Sa «dignité» à un prix. Sans état d’âme, elle se transforme en pyromane ou en sapeur-pompier, selon la direction du vent.
La logique du ventre le transforme en chien de garde prêt à montrer ses crocs lorsque le système qui le nourrit est attaqué. Elle se retourne contre l’intérêt général qui fonde, en principe, sa crédibilité. La villa, la voiture, le terrain, les virements bancaires, les séjours dans les hôtels étoilés, ont fini de le transformer en monstre, insensible à la souffrance du peuple au nom duquel il a juré de se battre lorsqu’il a décidé d’embrasser la profession de journaliste.
Certes, la liberté de presse demande des sacrifices, synonymes de renoncement à une vie de bling-bling que le simple salaire ne saurait justifier. C’est d’ailleurs trop demander à un journaliste corrompu. Mais l’engagement à travailler pour l’intérêt général, vaut tous les sacrifices. C’est une richesse inégalable.
Bacary Domingo Mané, Journaliste