Un bout de phrase, choisi par un média (pas n’importe lequel en matière de propagande pour les chefs d’Etat africains) pour lancer l’interview faite avec Macky Sall qui doit paraître demain lundi 30 mai 2022. « Mon travail de Président est loin d’être achevé ». Si le contexte qui entoure ces mots est encore inconnu au grand public, les Réseaux Sociaux ont déjà tiré leur conclusion: Macky Sall veut briguer les suffrages des Sénégalais en 2024.
Mais il faut dire que les dernières sorties du Président Sall sur la question du 3e mandat ne sont pas pour décourager ceux qui l’accusent de vouloir forcer le verrou de la Constitution. Le 1er janvier 2020, lors d’un grand entretien qu’il a accordé à la presse sénégalaise, il avait apposé son Ni Oui Ni Non à la question.
« Je ne peux pas parler de troisième mandat et la raison est simple. Si je dis que je ne serai pas candidat, ceux qui sont avec moi ne vont plus travailler. Ils vont essayer de voir comment ils vont me succéder. Si je dis que je suis candidat, la polémique va s’enfler davantage et elle ne connaitra pas de fin », répondait-il.
Récemment, le 05 mai, en recevant les Jeunes Leaders Africains au Palais pour un dîner, Macky Sall est allé plus loin qu’une troisième candidature. Il a clairement exprimé sa volonté d’en finir avec la limitation des mandats en Afrique.
« Puisque nous voulons plus de démocratie en Afrique, nous disons, il faut limiter les mandats, soit. Mais si au même moment, les procédures qui datent des années 60 sont les mêmes qui conditionnent le décaissement, quand est-ce que ces régimes mis en place vont avoir un bilan ? Donc, tous les cinq (5) ans, on va virer des régimes, ça va être un éternel recommencement, contraire à l’idée du développement », a-t-il expliqué.
Il faut rappeler que Macky Sall, lui-même a écrit noir sur blanc dans son livre, « Le Sénégal au Cœur », paru avant la Présidentielle de 2019, que ce mandat qu’il briguait à l’époque, était son « second et dernier mandat ».
Auparavant, aussi bien lui que l’ancien ministre de la Justice et non moins Constitutionnaliste, Ismaila Madior Fall, avaient clairement expliqué comment il était impossible pour l’actuel Président de se représenter en 2024.
Plus clairement, l’Article 27 de la Constitution dit ceci: « La durée du mandat du Président de la République est de cinq ans. Le mandat est renouvelable une seule fois. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Cette disposition ne peut être révisée que par une loi référendaire ou constitutionnelle ».
En 2024, Macky Sall va terminer son deuxième mandat à la tête du Sénégal. À moins qu’il ne revienne en 2029, briguer à nouveau les suffrages des Sénégalais, pour « achever le travail » qu’il dit avoir commencé, après avoir quitté le pouvoir en 2024, aucune loi ne lui permet de se représenter pour la prochaine élection présidentielle du pays.
Mais attendons de connaître le contexte qui entoure cette phrase de Macky Sall, qui embrase déjà la toile.