M. Couteau précise ensuite, qu’avant Idrissa Seck, le candidat Macky Sall avait déposé, auprès du greffe du Conseil constitutionnel, une déclaration de patrimoine qui, elle aussi, avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Un patrimoine estimé à huit milliards de francs CFA de biens personnels, de plusieurs villas et d’un appartement aux USA. Je précise qu’il s’agit plutôt d’une villa cossue qui se trouve exactement à Houston. ET le journaliste français de se poser une question sur l’origine de ces deux immenses fortunes dont les auteurs n’étaient pas loin de tirer le diable par la queue avant le 1er avril 2000. Ils expliquent tous, très facilement, devoir leurs fortunes à la « générosité » de leur ancien mentor. Idrissa Seck précise avoir bénéficié largement des fonds politiques que son mentor aurait mis gracieusement à sa disposition. C’est vrai que M. Couteau n’est pas allé plus loin, ne sachant par tout ce qui se cachait d’escroquerie et de détournements de deniers publics dans la gestion de ces fameux fonds. Mais, il a expliqué aussi sa fortune par le fait qu’ « il avait fait payer – d’autres diraient racketter – la Sonatel pour l’utilisation d’un nom de domaine lié à l’entreprise leader et opérateur historique de téléphone ». Il était alors puissant Ministre d’État, Directeur de cabinet du Président de la République.
M. Couteau rappelle aussi, avec WalfQuotidien, que l’un dans l’autre cas, « se pose la problématique qui n’a jamais été résolue du rapport que les gouvernants actuels comme passés entretiennent avec le bien public ». Ils poursuivent : « Souvent issus de la Fonction publique, donc des fonctionnaires n’ayant pas vocation à être riches comme Crésus, ceux qui nous dirigent se retrouvent subitement avec des fortunes qui s’évaluent en milliards. » Alors, précise encore WalfQuotidien, « l’histoire racontera avec quel levier de commande les gestionnaires actuels ont pu ouvrir et se servir dans la caverne d’Ali Baba issue de la seconde alternance ». « Ce que l’on sait d’ores et déjà, poursuit M. Couteau dans sa revue de presse africaine, c’est que beaucoup d’entre eux ont rechigné à dévoiler leurs subites richesses et ce, en violation de la loi ». Comme le Président de la République qui a manifestement refusé de faire sa nouvelle déclaration de patrimoine, après sa réélection le 19 mars 2019. C’est vrai que les deux patrimoines seront sûrement comme Yalla ak Yaali. Il encourage ainsi les hommes et les femmes qui se trouvent autour de lui à ne jamais faire avec honnêteté et sincérité leurs déclarations de patrimoines. En tout cas, si les Abdoulaye Baldé, Samuel Sarr, Amadou Ba, Oumar Sarr, Souleymane Ndéné Ndiaye, Me Madické Niang et nombre d’autres des vingt-cinq de la CREI faisaient leurs déclarations, leurs patrimoines ne seraient pas très loin de ceux du fils biologique et des deux fils putatifs (Macky et Idrissa).
Ce sont ces gens-là qui nous gouvernent depuis le 1er avril 2000 et aspirent à nous gouverner au-delà de février-mars 2024 et, peut-être, bien au-delà, si nous nous laissons faire aussi facilement. Dieu a fait de nous des créatures privilégiées, et nous a dotées de raison et de bon sens. Ces qualités devraient vraiment nous permettre de faire la part des choses. Nous ne les mériterions vraiment pas, si cette famille dite libérale responsable de tous nos maux ne débarrassait pas le plancher politique au plus tard en mars 2024. Si elle allait au-delà, nous mériterions carrément le sort de Sodome et Gomorrhe. Pour vous en convaincre, permettez-moi de faire deux petites comparaisons !
Jacques Chirac est entré en politique en 1962, comme chargé de mission du Premier ministre Georges Pompidou. Á partir de 1967, il est élu député de la Corrèze puis nommé quatre fois secrétaire d’État et quatre fois ministre. Avec l’élection de Valérie Giscard d’Estaing en 1974, il est nommé son Premier ministre. Leurs relations n’étant pas au beau fixe, il démissionne deux ans plus tard et est élu, un an après, Maire de Paris. Il restera jusqu’en 1995, année de son élection comme Président de la République française. Il quittera cette importante fonction douze ans après, exactement en 2007.
L’autre exemple, c’est l’actuel Président Emmanuel Macron. Sorti de l’École nationale d’Administration comme Jacques Chirac, il devient inspecteur des Finance en 2004. Il travaille ensuite à la Banque Rothschild en 2004 et y devient associé-gérant en 2010. François Hollande élu président de la République l’appelle à ses côté comme secrétaire général adjoint de son cabinet, avant de le Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique en 2014. En mai 2017, il est élu président de la République. Il a fait tout récemment sa déclaration de patrimoine comme président sortant et sollicitant un second mandat. Ce patrimoine est estimé à 500.000 euros, soit environ 327.978.500 francs CFA, moins de 400 millions. Quand Chirac quittait le pouvoir après quarante-cinq (45) ans d’activités politiques sans interruption, leur patrimoine, son épouse et lui, n’avait pas dépassé l’équivalent de trois milliards de francs CFA. Et nous sommes ici dans un pays qui fait partie des cinq à six pays les plus développés du monde. Je laisse au lecteur le soin de comparer avec ce qui se passe chez nous, pays faisant partie des vingt-cinq (25) les plus pauvres et les plus endettés.
Waaw, dans ces conditions-là, nous allons seulement envisager l’idée que cette famille dite libérale qui pille impunément nos maigres ressources pendant déjà trente longues années continue leur sale besogne après février-mars 2024 ! Nous avons beau être ce que nous sommes, je ne crois quand même pas que nous allons les laisser faire. Le devoir nous incombe, au contraire, de nous retrousser les manches et le moment venu, de les chasser du pouvoir comme les malpropres qu’ils sont. Et, la première étape vers la réalisation de cet important objectif, de mon point de vue tout au moins, c’est de travailler de toutes nos forces à leur arracher la majorité à l’Assemblée nationale au lendemain du 31 juillet 2022. Ce sera évidemment loin, très loin d’être facile. Cependant, si nous sommes réalistes, si nous plaçons l’intérêt du Sénégal au-dessus de toutes autres considérations et nous mettons d’ores et déjà au travail, l’objectif sera bien à notre portée.
Eux, ne perdent pas leur temps et mettent tout en œuvre pour rester, notamment en tentant de réunir cette famille dite libérale responsable, pour l’essentiel, de la stagnation de notre pays. Pas seulement. Avec à leur tête ce président-politicien qui, pourtant, au lendemain de sa réélection, avait annoncé qu’il n’était plus dans le temps des manœuvres, ils emploient tous les moyens, y compris des plus illicites, pour diviser l’opposition. Pendant ce temps, celle-ci, contre toute attente, donne l’impression de leur faciliter la tâche. Tout au moins jusqu’à preuve du contraire. Certains de ses membres, des plus significatifs et des plus crédibles, pour lesquels je n’ai que respect et considération, n’arrivent pas à se départir de leur ego. J’en ai entendu qui, dès le lendemain des dernières élections locales, affichaient déjà leur volonté de continuer leurs chemins solitaires ou en coalitions restreintes, malgré la modestie des résultats obtenus.
Certains observateurs n’excluent pas l’idée d’un boycott des prochaines législatives par l’opposition ou du moins une partie d’entre elle, si le parrainage était maintenu et si, avancent d’autres, Khalifa Ababacar n’y participait pas.
Je ne peux pas croire à cette éventualité. Boycotter les législatives, ce serait la plus lourde faute que les auteurs commettraient de toute leur vie. Ce serait le plus grand tort qu’ils feraient au peuple sénégalais. Je n’y crois pas d’ailleurs un seul instant.
La voie royale, de mon point de vue tout au moins, c’est qu’ils continuent, que nous continuions de lutter contre le parrainage et pour l’amnistie de Khalifa Ababacar Sall, en même temps de travailler à la mise en place d’une grande coalition capable de faire élire une majorité confortable de députés et de contrôler l’Assemblée nationale. L’une des premières mesures de cette majorité, ce serait alors d’amnistier Khalifa Ababacar Sall.
Je ne me fais pas d’ailleurs d’illusions : cette grande coalition ne se fera pas du jour au lendemain. Mais elle vaut tous les sacrifices, tous les renoncements à quelque ego que ce soit. Si elle ne se faisait pas, si l’opposition allait en ordre dispersé, le président-politicien et sa coalition renforcée remporteraient sûrement une écrasante majorité de députés et ce serait une catastrophe pour le pays. Ce serait une défaite dont l’opposition se relèverait difficilement. Ce serait ouvrir largement la voie vers l’élection présidentielle au président-politicien ou à un membre de leur camp, si sa candidature posait problème. D’ailleurs, elle pourrait bien passer en cas de victoire écrasante de sa coalition au lendemain du 31 juillet 2022. Dans l’un ou dans l’autre cas, notre mal serait infini.
L’opposition a donc le devoir d’éviter cette lugubre perspective pour notre pays et elle peut bien nous l’éviter, si elle dépassait ses insignifiantes divergences, divergences vraiment insignifiantes, comparées à l’intérêt supérieur de notre pauvre pays.
J’affirme ici, solennellement, même si je peux me tromper, qu’aucune coalition restreinte, encore moins aucun parti ou mouvement, ne peut faire face avec succès à cette grande famille dite libérale, même si elle perd de plus en plus de terrain. Même la très dynamique Coalition Yeewi Askan wi n’y arrivera pas, à elle seule. Mais, je ne me fais aucun doute que, si elle arrive à se retrouver dans la même coalition avec des hommes et des femmes que je crois connaître et pour qui, je le répète, je n’ai que respect et considération, elle peut faire mordre la poussière au président-politicien et à son clan, quelle que soit sa dimension. Je vais me permettre de citer quelques-uns de ces compatriotes, avec l’espoir qu’ils me pardonneront. Il s’agit de : Thierno Bocoum, Thierno Alassane Sall, Moussa Tine, l’ex-juge Dème, le Dr Abdourahmane Diouf, Boubacar Camara, même s’il vient de choisir de faire cavalier seul ou en modeste compagnie, Mamadou Lamine Diallo, même s’il a fait souvent compagnie avec le vieux président-politicien – ce qui n’enlève rien ou enlève très peu à son mérite -, Abdoul Mbaye[1], pour ne citer que ceux-là. Il y a bien d’autres hommes et femmes que je ne peux pas citer ici et qui ont bien leur place dans cette grande coalition de mes rêves. Je n’ai pas cité le Pds car, jusqu’à preuve du contraire, il peut aller agrandir la famille dite libérale à tout moment. J’espère me tromper. Je n’ai pas cité non plus Bougane Guèye Dany, car nous n’avons pas encore oublié qu’il avait boudé la Coalition Yeewi Askan Wi naissante pour une question de couleurs.
Une question plus importante que celle des couleurs va sûrement se poser : celle du nom de la grande coalition. Par exemple, même si c’est Yeewi Askan Wi la coalition la plus représentative de l’opposition[2], son nom ne sera sûrement pas accepté par tout le monde.
Je le répète, connaissant un peu le landerneau politique sénégalais, la mise en place de la grande coalition qui devrait face à Benno Bokk Yakaar élargie ne sera pas de tout repos. Cependant, une question de couleurs ou de noms devrait-elle raisonnablement empêcher la création de cette coalition porteuse d’immenses espoirs. La cuisante défaite de cette famille dite libérale sans foi ni loi, et qui a pillé sans état d’âme nos maigres ressources pendant plus de vingt ans, ne vaut-elle pas largement de dépasser ces questions insignifiantes de couleurs et de noms. Cette cuisante défaite sera une très belle victoire pour tout ce que le pays compte encore de sain, de vertueux, de crédible ; elle le sera encore plus pour ce qu’il nous reste d’hommes et de femmes pour qui l’honneur et la dignité ont toujours un sens. Ce serait, par contre, une catastrophe nationale, si nous devions nous retrouver pour cinq longues encore, avec des députés comme ceux que nous pratiquons depuis plusieurs décennies.
Je demande, je supplie mes amis et amies de l’opposition dite significative d’oublier leurs ego. Que, par égocentrisme mal placé, ils/elles ne se lancent pas dans des marches solitaires ou en faibles compagnies, qui ne les mèneraient nulle part, en tout cas pas vers des résultats significatifs, au soir du 31 juillet 2022. ! S’engager dans une voie hasardeuse, qui ne mène que vers une assemblée nationale avec au plus trente ou quarante députés, face à une majorité la voix de son maître, tonitruante, budgétivore et donc pratiquement inutile pour l’écrasante majorité de la population, c’est contribuer à porter un terrible préjudice à notre pauvre pays et principalement à ses jeunes qui ont besoin de vivre enfin une tout autre gouvernance.
Je termine enfin par rassurer mes interlocuteurs que loin de moi, très loin de moi vraiment, l’idée de donner quelque leçon que ce soit, à qui que ce soit. Je n’en suis pas de taille. Et même si c’était le cas, je m’en garderais par sagesse et par respect pour les uns et pour les autres. Je précise aussi, surtout, que je n’attends rien ni des élections du 31 juillet 2022, ni de celle de février-mars 2024. Des unes comme de l’autre, je n’attends rien, rien vraiment. Mon avenir politique est derrière moi. Si je devais vraiment solliciter les uns et les autres, ce serait qu’ils forment de ferventes prières que nombre d’entre nous soient témoins des résultats de la déterminante élection de février-mars 2024, celle qui doit voir le Sénégal être remis enfin à l’endroit pour de longues, de très longues années encore, faute de l’être pour l’éternité.
Dakar, le 21 mars 2024
Mody Niang