Hamidou Anne, Ousmane Khouma Et Ibrahima Silla, Assumez Ou Taisez-Vous !

 

Dans une tribune co-signée sous le titre "De grâce, cessez de déshonorer ce beau métier de journaliste", les éminents professeurs Hamidou Anne, Ousmane Khouma et Ibrahima Silla se défaussent sur des journalistes ayant eu le tort de choisir leur angle de traitement journalistique pour un événement qu’ils ont couvert. Ce que n’ont pas apprécié ces derniers qui se sont livrés à un pseudo exercice de moralisation au lieu de s’assumer ou simplement de faire profil bas.

Dans leur diatribe d’une inélégance pathétique, ils nous ont taxés de journalistes paresseux, traînant des carences intellectuelles et pire encore de personnes malhonnêtes. Sauf que, dans leur réquisitoire, heureusement pour nous d’ailleurs, à aucun moment, ils n’ont réfuté la véracité de nos écrits. « Nous découvrons qu’ils préfèrent se focaliser sur un sujet qui n’était pas à l’ordre du jour et qui s’est invité au débat à la faveur d’une question d’un des participants », ont-ils maladroitement brandi.

Pure contrevérité ! C’est bel bien Monsieur Anne qui a évoqué ‘’la démocratie de concordance’’ dans son exposé avant qu’un participant (S. Sèye, en l’occurrence) ne le relance sur le sujet. Ensuite, depuis quand, un conférencier indique-t-il aux journalistes l’angle optimal de traitement d’une information, chers universitaires ?

Que s’est-il passé pour que nos éminents connaisseurs se sentent piqués au vif pour tenter subitement de se justifier ou, comme ils le disent, de s’adonner à des « devoirs de clarification » ? 

Le journalisme, ce métier que vous prétendez connaitre mieux que nous, repose d’abord sur des faits et, le glissement involontaire de la démocratie de concordance dans les débats en a été un. Pourquoi vouloir que nous focalisions alors nos écrits sur des thèmes que vous avez développés et qui tournaient essentiellement autour de redites ?

Le journal, tabloïd, dont la parution est quotidienne, n’est pas une revue spécialisée, encore moins les actes d’un colloque pour publier les lieux communs sur l’histoire de la démocratie athénienne que n’importe quel étudiant de 2ème année du département d’histoire peut faire en lisant les ouvrages de Claude Mossé sur la démocratie athénienne, ou encore celui de Vincent Azoulay sur la Démocratie athénienne à l’épreuve du grand homme, Périclès.

Les journalistes que vous vous permettez d’insulter et de jeter à la vindicte des intellectuels connaissent bien leur métier pour savoir qu’au terme de vos différentes interventions, vous n’avez apporté aucune plus-value sur les sujets qui ont été abordés.

Avec la désinvolture qu’on vous connaît, vous êtes venus relire devant un public admirateur, les préparations que vous présentez depuis dix ans, sans soucis de réactualisation, devant les étudiants dans les différents amphis que vous fréquentez. A la limite, ce fut un exercice difficile pour les journalistes présents de trouver dans vos redites et réchauffés un sujet digne d’intérêt pour leurs lecteurs.

La seule nouveauté qui pouvait être retenue dans cette rencontre, est que c’était pour la première fois que des universitaires s’expriment publiquement sur un débat agité publiquement par un homme politique, à grand renfort de publicité. C’est pourquoi nous avons jugé utile d’en faire l’écho pour poser le débat sur la place publique.

Laissez-nous juste vous rappeler que le sujet dont vous traitiez devant le public du centre culturel Maurice Gueye est consubstantiellement lié à la liberté. [Un argument que vous avez-vous-même utilisé pour battre en brèche, la fascination exercée par les modèles chinois et rwandais sur les opinions africaines]. Les journalistes s’en sont servi pour choisir un angle de traitement et rien d’autre.

Que ce soit clair. Vous avez bel et bien démonté l’argumentaire du subitement devenu « talentueux » Dr Abdourahmane Diouf, ouvrant de facto une nouvelle grille d’appréciation à proposer à nos lecteurs. Une brèche dans laquelle nous nous sommes engouffrés et qui a débouché comme vous dites « à la fabrication de polémiques inutiles ». Polémique inutile qui suscite des intérêts assurément. Votre tribune en est une parfaite illustration.

Ce qui est indéniable c’est que « le respectable, respecté et talentueux » Dr Abdourahmane Diouf – qualificatifs que vous aviez omis d’égrener lors de la rencontre au centre culturel Maurice Guèye le 15 février – a rajouté au débat public sa perception idéale de la démocratie.

Et jusque-là, le débat a toujours été dans un sens unique. Comment en tant que journalistes pourrions-nous alors reléguer en arrière-plan cet élément nouveau, à savoir votre point de vue, en tant que voix autorisées, pour en faire écho. Hélas, vous y avez juste entraperçu « une obsession à vouloir en découdre » avec Dr Diouf. Si tel était le cas, vous nous aurez assurément fourni les armes. N’est-ce pas vous, Pr Khouma, qui avez affirmé que Dr Diouf a « carrément un problème de démarche épistémologique dans son approche », là où votre collègue a dit et répété que « Abdourahmane Diouf se trompe ».

Même s’il s’est trompé, de bonne foi, l’initiateur, dans notre pays, de la démocratie de concordance n’est pas, à ce que je sache, contre la confrontation des idées. Pourquoi vous débinez alors ? Ça pue à mille lieues que vous vous êtes sentis à l’étroit vis-à-vis de votre ami Dr Diouf pour ainsi tenter un lavage à grande eau. « Un journaliste ne doit pas écrire ce qu’attendent ceux qui le paient », vous dites. Votre tentative de vouloir vous disculper vaille que vaille vous pousse à la déraison, à la spéculation gratuite et infondée, chers intellectuels. Tout est question de réflexion, nous vous le consentons volontiers. Vous avez un prix et pensez donc que ce qui est valable pour vous l’est pour autrui.

Finalement, mes éminents Khouma et Anne, vous êtes juste comme les politiciens que vous avez sombrement caricaturés lors de la rencontre. Sauf que certains d’entre eux sont dignes et savent s’assumer ; quel qu’en soit le prix. Faites-en autant en bon donneurs de leçon : Assumez ou taisez-vous !

Un petit conseil avant de finir chers universitaires : si vous n’avez pas le courage de vos idées et une idée sur votre courage, abstenez-vous désormais, lors des rencontres auxquelles vous serez conviés, de vous épancher sur des choses que vous n’aurez pas le courage – cela même qui fait les grands hommes- de défendre par la suite. 

Par Alioune Badara NDIAYE (Le Quotidien) et Woré NDOYE (Sud Quotidien)

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