Le projet de loi déposé à l’Assemblée nationale pour la criminalisation de l’homosexualité fait toujours polémiques. Réagissant au débat sur la proposition de cette loi au Sénégal, Cheikh Ahmed Tidiane Sy a dévoilé la position du Cadre unitaire de l’Islam au Sénégal (Cudis).
“J’ai l’habitude de dire toujours que nos positions sont conformes aux orientations de nos guides religieux. Toutes les organisations qui composent notre cadre sont des émanations de ces confréries religieuses, de ces associations islamiques. Nous ne pouvons être qu’en conformité avec les orientations de ces guides religieux“, a déclaré Cheikh Tidiane Sy devant le Jury du Dimanche sur Iradio.
Il affiche une position claire contre l’homosexualité : « Comme on dit en Islam, ce qui est illicite ne sera jamais licite. Quel que soit le nombre de personnes qui porteront cette abomination, l’homosexualité ne pourra jamais être considérée comme quelque chose de licite dans notre pays. C’est une autre question de criminaliser ou pas. En tant que Cudis, lorsque nous avons été contactés par Samm Jikko Yi, nous les avons accompagnés dans cette lutte. C’est vrai que nous n’avons pas la même démarche dans le schéma. Parce que nous, nous avons opté depuis très longtemps pour l’éducation de masse. L’implication des enseignements de nos anciens dans notre système éducatif. Depuis quatre ou cinq ans, c’est notre combat. Nous avons élaboré un manuel qui a pour thème le vivre ensemble, la bonne gouvernance, la paix ».
Selon lui, il ne faut pas faire d’amalgame entre le caractère abominable de l’homosexualité et les moyens de lutte pour arriver à éradiquer ce mal. « C’est vrai que l’homosexualité a toujours existé dans nos sociétés modernes. Le Coran et certains enseignements du prophète condamnent l’homosexualité. Donc, il est indéniable que l’Islam ne peut pas accepter cette abomination et va lutter pour qu’elle puisse être éradiquée. Maintenant quels sont les moyens juridiques, sociologiques, psychologiques dont nous disposons ? C’est là où il peut y avoir réflexion et discussion », a-t-il soutenu.
Toutefois, il a fait comprendre que : « nous accompagnons et nous appuyons Samm Jikko Yi dans cette démarche de criminalisation. Maintenant, c’est moi qui lance le débat. Il faut aller vers un cadre de discussion formelle entre les juristes. Parce que c’est eux qui touchent l’ensemble des secteurs qui tournent aujourd’hui autour du droit (…). La criminalisation du viol est-ce qu’elle a participé à éradiquer le viol dans notre pays ? C’est une question que je me pose parce que je n’ai pas la réponse. Idem pour la criminalisation de la drogue. Il faut qu’on pose les questions techniques du point de vue du droit pour voir est-ce que les actes que nous posons nous amènent à éradiquer ce mal ».
À l’en croire, le bureau de l’Assemblée nationale aurait pu poser le débat de manière plus large avant de le rejeter. « Nous sommes dans un pays démocratique où quand le peuple a des exigences vis-à-vis du pouvoir législatif, ce pouvoir à l’obligation de devoir l’analyser ou même de le soumettre au plus grand nombre dans l’hémicycle afin que les gens puissent donner leur avis, considère-t-il. Par ailleurs, je pense qu’il faut lutter contre l’homosexualité. Et la criminalisation pourrait être une solution. Je crois aussi qu’il faut trouver les moyens juridiques de rendre cette loi plus efficace afin qu’on ne tombe pas dans les mêmes travers ».