L’avenir d’Idrissa Seck au sein de la majorité semble avoir du plomb dans l’aile au regard des différents soubresauts que connaît la vie politique sénégalaise. En effet, l’ancien Premier ministre de Wade plongé dans un long silence risque de faire les frais d’une recomposition du jeu politique avec le rétablissement du poste de Premier ministre et la possible amnistie pour Karim Wade et Khalifa Sall.
C’est un silence assourdissant de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck. Le président du CESE est aux abonnés absents depuis plusieurs mois dans le débat politique marqué par les dépôts de candidatures pour les locales, la dynamique des coalitions de l’opposition, le rétablissement de la primature ou encore le débat autour de la réhabilitation de Karim Wade et de Khalifa Sall. Autant de sujets et autres polémiques qui n’ont pas suscité de réactions, d’interventions ou de sorties médiatiques de la part de l’ancien maire de Thiès. Seule la disparition de l’ancien président de la Fédération internationale d’Athlétisme (IAAF) l’a fait sortir de son silence. Dans un post Facebook datant du début du mois, il a déclaré « Notre pays perd un grand homme qui a consacré une bonne partie de sa vie au rayonnement du sport, dans son pays comme à l’international », a posté M. Seck sur Facebook.
Même s’il a réussi à préserver ses principaux bastions dans la ville de Thiès notamment avec l’investiture de son poulain Yankhoba Diattara comme candidat de Benno pour la ville de Thiés, la belle alliance du « Mbourou ak Soow » semble pourtant battre de l’aile. Selon certaines indiscrétions, l’ancien responsable libéral ne serait plus en bon terme avec le locataire du Palais présidentiel. Des rumeurs sur sa santé pour expliquer ce long silence avec des séjours réguliers en France. Idrissa Seck a même dû « déléguer » à son fidèle lieutenant Yankhoba Diattara l’organisation de l’accueil du chef de l’État, Macky Sall, venu inaugurer l’Institut supérieur d’enseignement professionnel (Isep), en juin dernier à Thiès. « Nous ne pouvons pas faire de commentaire sur cette affaire. Au moment venu avec l’aval d’Idrissa Seck nous pourrons communiquer sur cette question », affirme au bout du fil Babacar Mar, responsable de Rewmi.
L’absence de Rewmi dans le débat politique fait jaser dans le « Macky ». Certains éléments de la majorité déplorent l’absence de prise de parole régulière des Rewmiste pour défendre la politique du Chef de l’Etat. Par ailleurs, si l’ex ministre du commerce sous Diouf ne semble pas vouloir tirer un trait sur ses ambitions pour 2024, la nouvelle conjoncture politique avec une possible réhabilitation de Karim Wade et de Khalifa Sall tous les deux condamnés pour l’enrichissement illicite pour le premier (2015) et des faits de détournements de deniers publics et de corruption en (2018) risque de le marginaliser.En effet, le Président Macky Sall qui n’exclut plus d’amnistier l’ancien ministre d’Etat sous Wade et l’ex maire de la capitale veut ainsi jeter les bases d’une nouvelle offre politique qui viendra chambouler complètement la classe politique sénégalaise. Cette démarche si elle peut permettre de dynamiter l’opposition à travers le choc des ambitions peut néanmoins entraîner de gros remous au sein de la majorité présidentielle. Un retour en grâce du secrétaire général adjoint du Pds de son exil doré de Doha peut aussi pousser certains cadres libéraux à ranimer le vieux fantasme de retrouvaille de la famille libérale entre l’APR et le Pds, longtemps théorisé par l’ancien ministre Serigne Mbacké Ndiaye.
Cette démarche pourrait avoir des dégâts collatéraux dont la marginalisation d’Idrissa Seck. Ce dernier pourrait faire les frais d’une grande alliance PDS/APR et ainsi accomplir la prophétie de Wade qui rêvait d’un PDS au pouvoir pendant 50 ans. De son côté Momar Diongue politologue semble être sceptique sur l’avenir politique d’Idrissa Seck au sein de la majorité. « Idrissa Seck est déjà marginalisé, il a fait le deuil de son ambition présidentielle, il s’est rendu compte qu’il ne plus réunir autour de sa personne comme il l’avait fait en 2019 lors de la présidentielle. Lors de ce scrutin, il avait réussi à réunir des personnalités comme Pape Diop et Malick Gackou et un Khalifa Sall et il s’est rendu qu’il ne pourra jamais réunir une coalition comme celle de 2019, il a préféré rejoindre la majorité », s’exclame -t-il dans la presse.
Le perchoir comme planche de salut pour Idrissa Seck en juillet 2022
Par ailleurs, la nomination du nouveau Premier ministre qui apparaîtrait comme le dauphin naturel du Président Sall pourrait accentuer cette situation d’isolement. Le prochain remaniement sera très révélateur de l’état des relations entre Macky Sall et Idrissa Seck. Les remous au sein de la majorité après l’éjection d’Abdoulaye Baldé comme candidat de la majorité à Ziguinchor et d’Aissata Tall Sall pour le poste de maire à Podor risquent aussi de précipiter l’évolution de la majorité élargie née au lendemain de novembre 2020. Les défis qui se présentent pour la fin de mandat de Macky Sall : Relance économique, pandémie de la COVID?19, inflation des denrées de première nécessité, Emploi des jeunes, dialogue avec l’opposition, grèves et mouvements sociaux des transporteurs et enseignants entre autres pourrait inciter Macky Sall a recentré son équipe autour de la base aperiste avec uniquement l’apport des PLD/AS transfuges du Pds.
La stratégie de neutraliser l’opposition à travers l’enrôlement d’Idrissa Seck principal challenger de Macky Sall en 2019 ainsi la volonté d’élargir la base électorale de la majorité semble échouer avec une opposition revigorée par les évènements de Mars 2021. Une opposition qui a désormais comme principal épouvantail Ousmane Sonko le leader de Pastef/Les Patriotes.
De ce fait les prochaines locales en janvier 2022 et législatives en juillet 2022 seront cruciales pour l’avenir politique qui doit jouer son avenir soit dans une majorité remodelée avec la perspective d’une nomination au perchoir en remplacement de Moustapha Niasse sur le départ.
Une position qui lui permettra de mieux peser au sein de la majorité dans la perspective d’une succession à Macky Sall en 2024. Soit, l’ancien directeur de Cabinet de Wade décide de reprendre en main son destin avec le risque d’une plus grande marginalisation au sein d’une opposition déjà coalisée et unie autour de grandes pôles : PDS, Taxawu, Pastef et CRD et Jotna entre autre.