La décision de suppression du poste de Premier ministre prise par le Président Macky Sall avait été décriée par nombre d’observateurs. Il était évident que le fast-track annoncé pour justifier une telle mesure allait aboutir au slow-down et qu’il était impossible d’enlever une roue à une calèche et croire qu’elle allait rouler plus vite.
Dans deux contributions successives, l’une intitulée «Suppression du poste de Premier ministre : les conséquences du point de vue législatif et réglementaire» (12 avril 2019) et l’autre, «Failles et pièges du projet de suppression du poste de Premier ministre» (24 avril 2019), nous avions suffisamment averti et alerté sur une mesure qui risquait «de laisser place à une centralisation excessive et étouffante du pouvoir».
Il s’y ajoute notre opposition farouche à la suppression du jeu de pouvoir entre l’exécutif et le législatif impliquant la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale et le pouvoir de dissolution de celle-ci, dévolu au président de la République.
Dans l’exposé des motifs du projet de loi constitutionnelle numéro 07/2019 portant révision de la Constitution, cette suppression avait été ardemment défendue en mettant en avant un certain équilibre des pouvoirs.
Aujourd’hui c’est le même gouvernement dans le communiqué du Conseil des ministres de ce mercredi 24 novembre 2021 qui parle «d’une nécessaire requalification des rapports entre l’exécutif et le législatif, notamment la réintroduction de la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale et le pouvoir de dissolution de celle-ci dévolu au président de la République».
La Constitution n’est pas un jouet. Elle doit être épargnée des calculs politiciens. Rien de républicain ne justifiait la suppression du poste de Premier ministre. Sa réapparition deux années après sa disparition ne nous permettra malheureusement pas d’évaluer l’étendue des dégâts du slow-down qu’il a provoqué dans la vie précaire de nos compatriotes.
Thierno Bocoum
Président du mouvement AGIR