Attention aux institutions de sauvegarde et de fortification nationales ! Par Babacar Justin Ndiaye

Depuis les évènements de mars 2021 (profusion de violences dans tout le Sénégal), les Forces de défense et de sécurité sont intempestivement convoquées et abusivement maintenues dans le débat politique où les protagonistes sont – d’un point de vue républicain – les Partis politiques, la Société civile et les citoyens-électeurs.

Dommage que le pugilat verbal, en tant que baromètre de la vitalité de tout système démocratique, déborde des limites de la scène politique et frappe aux portes des enceintes ou des édifices bien cloisonnés des institutions qui ont perpétuellement en charge la sauvegarde et la fortification de la Nation !

Ces derniers mois, des appréciations dures, des jugements vifs, des propos excessifs et, parfois, désobligeants sont prononcés notamment en direction des Forces de police et de gendarmerie. Le courageux activiste Guy Marius (son combat dicte le respect mais son discours impose la réserve) a récemment tourné en dérision la devise de la Gendarmerie : « Honneur, Discipline et Patrie ».

Un humour gris et regrettable ; parce qu’il heurte les valeurs républicaines et chiffonne les servitudes militaires qui sont antérieures et seront consécutives aux mandats de Macky Sall et à ceux de tous ses successeurs parmi lesquels peut figurer l’intrépide Guy Marius Sagna.
Pourtant, l’Histoire du Sénégal indépendant nous gratifie de tous les motifs de fierté et de gratitude à l’endroit des trois institutions (Armée, Gendarmerie et Police) qui ont sans cesse été de bons boucliers et de puissantes épées pour la nation sénégalaise. Deux exemples, l’un sur le terrain de guerre, l’autre sur l’échiquier politique, en font éloquemment foi.
Pendant les trois décennies de conflit moyennement intense en Casamance (1982-2012) le destin du Sénégal uni et indivisible a souvent oscillé et même vacillé dangereusement. Malgré les moustiques, la boue et le sang ; malgré les lourdes pertes enregistrées à Babonda et l’anéantissement d’une section entière de soldats d’élite dans le triangle des trois Madina (Madina-Mancagne, Madina-Chérif et Madina Thierno) l’armée, la gendarmerie et le GMI (présent dans les sous-préfectures) n’ont ni craqué ni rompu.

Les chaînes de commandement sont restées intactes. La désobéissance, l’indiscipline et la mutinerie n’ayant jamais été à l’ordre du jour en Casamance. Ailleurs, le coup d’État du Capitaine Sanogo suivi par l’effondrement de l’armée a provoqué la progression fulgurante des terroristes et l’occupation des deux tiers du territoire malien.

Sans la vigueur des Forces de défense et de sécurité, sans leur fidèle attachement aux idéaux républicains et aux dispositions claires de la Constitution (la soumission légale et totale de l’Autorité militaire à l’Autorité civile élue et légitimée par le suffrage universel), feu Abbé Diamacoune aurait obtenu le même succès que feu le Colonel John Garang. Le Sud-Soudan étant indépendant depuis le 9 juillet 2011. En Casamance, l’indépendance piétine au stade de l’utopie.
Sur le champ politique, les évènements de décembre 1962 (bras de fer entre le Président de la République Senghor et le Président du Conseil Dia) ont démontré, devant le siège de la Radiodiffusion du Sénégal, que les Forces de défense et de sécurité du Sénégal sont congénitalement habitées par la maturité civique et l’amour de la patrie. Elles n’ont rien à voir avec des milices Séléka et autres hordes anti-Balaka.

À la limite, c’est grâce aux hommes de la trempe des Généraux Jean-Alfred Diallo, Waly Faye – et plus près de nous – Lamine Cissé que le Président Macky Sall, le Leader de PASTEF, Ousmane Sonko, et le Maire Barthélemy Dias jouent, en cette année 2021, leurs partitions respectives dans l’Histoire politique du Sénégal.

C’est dire combien nous, Sénégalais, devons – les politiciens en tète – une fière chandelle et non une bordée d’injures à ces institutions qui sont, à la fois, la colonne vertébrale et les béquilles du pays. Rendons hommage aux chefs de l’Armée, de la Gendarmerie et de la Police qui ont – bien chevillés au corps – le sens élevé de la loyauté et le culte fort de la Constitution !
« Pour surmonter une difficulté ou un obstacle du présent, il ne faut jamais hypothéquer l’avenir » écrivit le Général De Gaulle dans ses Mémoires. Ceux qui, aujourd’hui, fustigent les policiers, caillassent les gendarmes, brocardent les Préfets et théorisent les vertus de l’insurrection, auront besoin de ces institutions dans un avenir pas très éloigné. Car les opposants du présent seront les gouvernants du futur. C’est la loi inéluctable de la démocratie. Bien vérifiée au Sénégal.

Il s’y ajoute que les vérités politiques sont plus changeantes que bibliques. Ceux qui ont combattu le Président Abdoulaye Wade avec ardeur (Moustapha Niasse, Aminata Mbengue Ndiaye, Zahra Iyane Thiam, Latif Coulibaly, Sérigne Mbaye Thiam etc.) ne côtoient-ils dans le gouvernement et dans la la majorité BBY, des piliers du défunt régime libéral comme Oumar Sarr et Farba Senghor ? Les gendarmes et les policiers sénégalais (des universitaires en uniformes) ne sont atteints ni de myopie ni de cécité. Ils observent et obéissent. Et, surtout, se taisent. Mais aucune vocifération politicienne ne les ébranle.


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